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du commerce pour se convaincre du prodigieux essor du travail parisien et des élémens nouveaux apportés à l’activité des classes ouvrières. On se plaît trop souvent à représenter Paris comme une ville de plaisirs, une arène incessante de discordes politiques ; il faut montrer le côté laborieux et moral de sa physionomie. On a trop répété que Paris est une Babylone ou un camp : c’est aussi une ruche, ou, mieux encore, un gigantesque et magnifique atelier.

Les trois premières années du gouvernement de juillet donnent ensemble pour les recettes municipales ordinaires un total de 108 millions, et les trois dernières années s’élèvent à 139 millions; mais entre le commencement et la fin de cette période il convient de faire remarquer qu’une des recettes ordinaires de la ville avait disparu, — le produit des jeux, supprimés en 1838. L’administration des jeux avait été confiée depuis 1819 à la ville moyennant une redevance fixe de 5 millions l/2 envers le trésor. Les jeux donnaient un bénéfice plus grand, et pendant les dix-neuf années de sa jouissance la ville y trouva une ressource de près de 30 millions. La loi de finances de 1836 donna enfin satisfaction à la morale publique, et le 1er janvier 1838 toutes les maisons de jeux furent fermées. En tenant compte de cette suppression d’un revenu annuel de près de 7 millions, comme le dernier budget des recettes ordinaires préparé pour 1848 s’élève à 44 millions, et que le premier budget présenté par M. de Rambuteau n’en dépassait pas 40, c’est donc une augmentation de plus de 10 millions, soit d’un quart, obtenue pendant sa gestion. De 1830 à 1848, deux emprunts seulement vinrent accroître les ressources du budget ordinaire; encore ne doivent-ils guère être portés au compte de cette période, puisque l’emprunt de 40 millions émis en 1832 servit pour les deux tiers à payer des dettes antérieures, et que l’emprunt de 25 millions autorisé par la loi du 1er août 1847 n’était ni recouvré ni dépensé quand la révolution de 1848 éclata. L’emprunt de 1832, contrairement à la règle suivie par les administrations antérieures, étaient contracté à long terme et remboursable en 20 années : de plus, la part qui en était réservée aux travaux publics s’appliquait en bloc à toutes les entreprises projetées, au lieu d’affecter, comme précédemment, à chacune d’elles un emprunt particulier, avec un court délai pour l’amortissement.

L’accroissement des recettes permit ainsi d’élever de plus en plus le chiffre des dépenses utiles, et depuis 1834 en effet chaque budget indique une série de travaux projetés, exécutes, achevés. En examinant ces budgets, c’est jour par jour pour ainsi dire qu’on voit élargir les voies de communication, assainir les quartiers populeux, paver les rues, établir les trottoirs, creuser les égouts, distribuer