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l’eau et enfin embellir la cité. Le résumé de ces travaux se trouve dans le rapport sur un projet d’emprunt pour la ville de Paris fait par M. Arago, un des plus célèbres adversaires du gouvernement de juillet. L’emprunt, dont il s’agit, présenté pour construire les halles centrales, cette Bourse du peuple, selon l’expression de M. Arago, rappelle, par les noms des orateurs qui soutinrent et attaquèrent cette mesure, une de ces dissidences fatales, dont les événemens de 1848 furent la triste conséquence : le projet de loi, présenté par M. le comte Duchâtel, ministre de l’intérieur, était soutenu par M. Arago, l’un des futurs membres du gouvernement provisoire, tandis qu’il était combattu par M. Duffaue et M. Lacave-Laplagne, peu de jours encore auparavant ministre des finances, dans le cabinet que présidait M. Guizot.

Le programme, présenté en 1834 au premier conseil municipal élu et le rapport de M. Arago en 1847 à la chambre des députés, voilà deux documens qu’il suffit de rapprocher pour se rendre compte de l’importance des travaux qui se sont accomplis pendant treize ans sous l’empire, du régime libéral appliqué à l’administration parisienne. Le préfet de la Seine en 1834 indique au conseil municipal et à la spéculation privée les grandes entreprises qu’il faut mener à bien dans l’intérêt de la circulation et de la salubrité. En 1847, M, Arago apprécie les résultats obtenus ; il récapitule ; le nombre des égouts creusés, des trottoirs établis, des rues pavées ouvertes et élargies, des lits d’hôpitaux créés ; mais de tous les grands travaux exécutes alors, ceux qui frappèrent le plus l’attention publique furent l’élargissement des rues, la plantation des quais et l’achèvement de la distribution des eaux. Quand en se reporte aux antécédens de cette question de la distribution des eaux, agitée depuis Henri IV, abordée seulement sous Napoléon Ier, aujourd’hui à peine résolue, quand on énumère tous les efforts et qu’on relève toutes les dépenses multipliées pour disposer de 7,390 pouces d’eau de diverses provenances donnant, environ 148 litres d’eau à chaque habitant, c’est-à-dire plus du double de ce qu’on en distribue à Londres, et qu’on se rappelle l’état de Paris sous ce rapport au commencement du siècle, on est vraiment pénétré de reconnaissance pour les administrateurs qui ont obtenu un pareil résultat, et en particulier pour ceux qui, depuis 1831, ont porté presque au double la quantité d’eau disponible, 148,000 mètres cubes contre, 86,000.

Sous le rapport de la salubrité et de la circulation, il est permis de dire aussi qu’à partir de 1834 Paris entra dans une ère toute nouvelle. La préfecture de police par exemple se conduisit en véritable émule de la préfecture de la Seine, et c’est de cette époque que date le service du nettoiement, de l’arrosement et de l’éclairage au gaz des rues. L’accroissement du budget de la préfecture de police, qui de