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en revanche toute la Virginie occidentale s’est ralliée à la cause du nord : les confédérés ont été chassés du Kentucky; la prise des forts de la rivière Tennessee et la bataille de Pittsburg-Landing ont ouvert le Tennessee à l’armée de Grant. La fidélité des états frontières est désormais assurée.

Après la malheureuse campagne de la péninsule virginienne, les confédérés, enhardis par leur succès, prennent le parti d’envahir sur trois points les provinces fédérales. Ils menacent à la fois le Maryland, le Kentucky, le Tennessee occidental. La bataille d’Antietam les rejette au-delà du Potomac; dans le Kentucky, le général Buell repousse Bragg et l’oblige à repasser les montagnes; dans le Tennessee, Rosencranz défait à Corinthe les forces de Van Dora et de Price, entre dans Nashville, la capitale de l’état, va rejoindre Bragg, lui livre bataille, et l’oblige à aller se retrancher à Tullahoma. Sur tous les points, l’invasion est repoussée.

Si enfin l’on examine en ce moment même la situation respective des deux partis, quels grands et nouveaux changemens! Les armées fédérales n’ont fait, il est vrai, aucun progrès dans la Virginie, la ligne du Rapahannock continue à y séparer les combattans, et les entreprises de Burnside et de Hooker contre Richmond n’ont pas été plus heureuses que celles du général Lee contre la Pensylvanie, le Maryland et Washington. Les forces ennemies se neutralisent dans cette région, dont presque tous les noms, inconnus il y a peu de temps, sont aujourd’hui devenus historiques, terre fatale qui porte malheur à ceux qui la touchent, et qui a déjà englouti plusieurs armées. Dans l’ouest cependant que de glorieux succès! Vicksburg retombé, ainsi que Port-Hudson, aux mains des fédéraux, la navigation rétablie sur le cours entier du Mississipi, toutes les régions situées à l’ouest de ce grand fleuve soustraites à l’autorité de Richmond, les communications interrompues entre les états confédérés de l’est et ces fertiles provinces, d’où ils tiraient tant de ressourcés; en Tennessee, Rosencranz, sorti d’une longue inaction et devenu maître de Chattanoga, qui lui donne la clé de toutes les chaînes alléghaniennes qui séparent le Tennessee de la Géorgie. L’Arkansas, la Louisiane et le Texas redevenus des provinces fédérales, que reste-t-il aujourd’hui à la confédération du sud? Sept états seulement, la Virginie, les deux Carolines, la Géorgie, la Floride, l’Alabama, le Mississipi, et sur ces sept états il n’en est qu’un seul, la Géorgie, où les fédéraux n’aient pas solidement pris pied. Le Mississipi, qui confine au fleuve de ce nom, est occupé sur plusieurs points par les troupes du nord, de même que la Floride; la rivière Tennessee leur donne accès dans l’Alabama; une armée fédérale fait le siège de Charleston dans la Caroline du sud. Dans la Caroline du nord, Port-Royal est devenu une base d’opérations