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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/13

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non-seulement par des collections de toutes les sortes de monumens du passé, mais par l’imitation studieuse et la reproduction systématique de toutes les œuvres de l’art de ces quatre grandes époques. L’architecture athénienne, impériale, byzantine, romane, gothique, florentine, pontificale, s’efforça de renaître et demanda à la peinture et à la sculpture de lui prêter toutes les décorations appropriées au temps et au style qu’elle affecta de reproduire.

Munich, ville d’une importance assez nouvelle, tient si peu de place dans l’histoire, qui n’a pas même mentionné son origine, qu’on aurait tort d’y chercher un spécimen complet des cités du moyen âge. Ce n’est que dans les vieux quartiers qu’il en reste des traces ; mais dans la partie est et nord-est, où le voyageur arrive et réside, il ne voit que nouveautés et constructions d’hier. Le contraste est donc très frappant, si l’on vient par exemple d’Augsbourg, d’Innsbruck et plus encore de Nuremberg. Cette ancienne ville impériale, nom qui désigne toujours une ville créée par la bourgeoisie, et libre en ce sens qu’elle n’était pas gouvernée féodalement, avait été de bonne heure portée par le trafic et l’industrie à un haut degré de prospérité. Le cours des affaires commerciales changea par la découverte du passage du Cap, et Nuremberg s’arrêta dans sa marche progressive ; elle resta assez riche pour se conserver, et ne changea plus. C’est donc une grande cité du moyen âge arrêtée et comme immobilisée à la fin du XVe siècle.

On sait que c’est de Nuremberg que viennent ces villes de bois, joujoux dont jadis les enfans s’amusaient fort. Ce sont les paysans des forêts de la Thuringe qui les découpent avec leurs couteaux. Eh bien ! ces villes de bois sont copiées sur Nuremberg. Les pignons pointus de ses maisons bizarres, leurs nombreux étages, leurs ouvertures multipliées, qui les font souvent ressembler à une claire-voie vitrée, leurs toits, dont la hauteur démesurée est percée d’une multitude de lucarnes, leurs murailles diversement coloriées, ornées parfois d’arabesques et même de sujets historiques ou sacrés, parfois d’encadremens sculptés, de portails, de balcons ou de lanternes travaillés avec un art capricieux, donnent à des rues tortueuses, à des places irrégulières un caractère original que ne supporteraient pas longtemps nos édilités modernes. Joignez-y des remparts crénelés flanqués de tours à mâchicoulis, un château construit sur un rocher, le burg, qui faisait un burgrave de l’officier préposé par l’empereur jusqu’en 1417 à la garde de la ville, et des églises du XIIIe ou du XIVe siècle, Saint-Sebald, Saint-Laurent, Frauenkirche (Notre-Dame), que les siècles suivans n’ont pas, grâce à Dieu, corrigées, et que reconnaîtraient les contemporains de Luther ! Saint-Laurent est un magnifique édifice gothique où Adam Krafït a élevé ce ciborium