Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à leurs, ouvrages; ils savent rarement mettre en valeur tous les dons qu’ils possèdent, et Goethe avait bien raison d’admirer, autant Byron, si richement pourvu précisément de cette intensité saisissante qui lui manquait.

Enfin on arrive à la salle du trône, décorée avec une magnificence assez froide, mais d’une certaine nouveauté; tout est marbre blanc et or. Deux files de colonnes de droite et de gauche ont leur base et leur chapiteau en bronze doré. Dans chacun des douze entre-colonnemens, une statue colossale de la même matière représente un des princes de la maison de Bavière rangés comme les gardes de: cette avenue du trône. Ces statues sont toutes dues à Schwanthaler. Il ne semble pas que ceci soit une imitation. L’effet unit la splendeur à la nudité.


II

Mais c’est trop s’oublier dans les pompes royales, il faut revenir aux vrais monumens des arts; ils sont les plus intéressans et les mieux conçus. En général les architectes de Munich, et à leur tête M. de Klenze, ont habilement approprié les édifices à leur destination. On trouverait là des modèles à étudier pour tous les emplois modernes qui peuvent être donnés à l’art de bâtir. On se plaint quelquefois de l’architecture du siècle. Si elle mérite les critiques qu’on lui adresse, ce n’est pas faute d’un temps favorable aux recherches et aux tentatives de l’invention. Une foule d’établissemens nouveaux, très nécessaires et très chers à notre époque, musées, bibliothèques, collèges, hôpitaux, prisons, occupent encore des locaux qui ne leur ont pas été originairement destinés, qui leur ont été péniblement adaptés, et dans un temps ou les besoins qu’ils devraient satisfaire n’avaient pas la même importance. Ce serait donc le moment d’inventer heureusement et d’étendre les ressources de l’art en lui ouvrant un champ nouveau. La construction des gares de chemins de fer a été l’occasion de créations véritables, et si ces édifices semblent encore, plus du ressort de l’ingénieur que de l’architecte, ils n’en ont pas moins parfois dénoté un talent réel et même une certaine imagination. Munich, autant que j’en puis juger, offrirait dans ses établissemens, neufs pour la plupart, plus d’un type à étudier, plus d’un exemple à suivre. Nous oserons recommander entre autres ses musées, qui nous semblent supérieurement entendus.

En nous y rendant, nous rencontrerons plus d’un vestige notable du savoir esthétique qui a depuis un quart de siècle rebâti la ville. Par exemple, on arrive sur une grande place qui commence la large