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servir utilement aux progrès de la météorologie, en permettant d’observer dans les hautes régions de l’atmosphère les variations de la température, les oscillations de l’aiguille aimantée, l’intensité et la direction des courans d’air. Il devenait possible de saisir sur le fait le secret de la formation des nuages orageux, de la grêle et des autres météores. Les aérostats pouvaient encore être employés à la guerre pour faire des reconnaissances au-dessus d’une place assiégée, pour observer une armée ennemie au milieu de ses cantonnemens. Lorsque le professeur Charles donnait ses soins à la confection des premiers ballons, les aéronautes avaient trop peu d’expérience de leur art pour que l’on pût songer à faire dans l’atmosphère des observations météorologiques. Ce n’étaient encore que des voyages d’essai entrepris par curiosité. La première ascension scientifique fut faite par Boulton le 26 décembre 1784. Quelques années plus tard, en août 1804, Gay-Lussac et Biot s’élevèrent ensemble et recueillirent de nombreux renseignemens sur la physique de l’air. Un mois après, Gay-Lussac partit seul, atteignit une hauteur de 7,000 mètres, et en rapporta, dans des tubes vidés à l’avance, des échantillons d’air atmosphérique qu’il soumit dans son laboratoire à des analyses chimiques. En 1806, Carlo Broschi, astronome royal à Naples, voulut monter plus haut que Gay-Lussac : son ballon creva; mais ce qui restait d’air suffit heureusement pour amortir la rapidité de sa chute.

Depuis cette époque jusqu’à des ascensions beaucoup plus récentes, les ballons n’ont guère été qu’un accessoire aux fêtes publiques, un spectacle intéressant pour la foule, mais sans résultats utiles. Les voyages aériens ont aussi perdu en partie le caractère aventureux qui, pour certains hommes, en faisait le principal mérite et l’attrait. On cite des aéronautes qui se sont élevés des centaines de fois dans les airs. On ne s’est même plus contenté de la vulgaire gondole en osier où les voyageurs étaient relativement en sûreté. L’un d’eux s’élevait sur un cheval, comme un héros de la fable; d’autres se distinguèrent par l’étendue et la rapidité du parcours qu’ils accomplirent.

On peut s’étonner que de tant d’ascensions exécutées par tant d’hommes différens, il ne soit résulté ni perfectionnement dans les procédés aérostatiques, ni inventions propres à étendre les effets de cet art, ni applications utiles. Dès 1784, Charles avait déjà fait usage de la soupape pour faciliter la descente en vidant le ballon, et pris du lest, dont le déchargement l’allégeait et lui restituait sa force ascensionnelle. Il n’a rien été changé de notre temps à ce qui se faisait alors, si ce n’est qu’on a substitué, par raison d’économie, au gaz hydrogène le gaz d’éclairage, et que les aéronautes sont arrivés, par