que la question a été mieux posée. C’est un premier acheminement vers une solution.
En y réfléchissant bien, on se convaincra aisément que la direction des ballons n’est pas le seul problème aérostatique à résoudre. C’est peut-être même en ce moment l’un des moins importans, quoique ce soit le seul qu’étudient la plupart des inventeurs. Dans les voyages aériens dont les péripéties sont racontées avec tant de complaisance, quelle est la préoccupation constante des aéronautes? Ce n’est pas de marcher dans une certaine direction, d’avancer au nord plutôt qu’au sud ou de descendre à l’est plutôt qu’à l’ouest. Ils ne demandent qu’à s’élever et à se maintenir dans l’atmosphère le plus longtemps possible. Ils s’effraient des déchirures qui peuvent les précipiter à terre, des pertes de gaz accidentelles ou volontaires qui les forceront bientôt à redescendre. La porosité et la fragilité de l’enveloppe, l’endosmose du gaz de l’intérieur à l’extérieur du ballon, tels sont les inconvéniens auxquels il faut d’abord remédier. Quand même les ballons pourraient être dirigés dans les airs et suivre une course assignée d’avance, il n’est personne qui ne convienne que ces véhicules aériens n’attireraient pas encore beaucoup de voyageurs. Sauf quelques touristes intrépides, on penserait en général que la sécurité de ce mode de locomotion n’est pas assez complète.
Le premier homme qui eut l’idée de construire une barque et de s’abandonner au cours d’un fleuve eut plus de souci de rendre sa nacelle étanche que de savoir comment il la dirigerait. Avant d’inventer le gouvernail, il voulut empêcher que l’eau ne le submergeât. De même, en aéronautique, la première difficulté à vaincre serait d’assurer l’imperméabilité de l’enveloppe. Les tissus et la plupart des enveloppes flexibles tamisent le gaz, même quand ils sont recouverts de substances gommeuses ; ils coûtent cher et durent peu. Les peaux sont perméables, et la baudruche notamment, gros intestin du bœuf, que l’on emploie fréquemment à cet usage, offre les mêmes inconvéniens que la soie[1]. Le carton peut-être ou du moins le papier en feuilles superposées aurait l’avantage du bon marché, de la légèreté, de l’imperméabilité; mais il se rétrécit ou s’allonge par l’effet de l’humidité, et ne présenterait sans doute pas la résistance désirable. Quelques personnes ont pensé que les métaux en feuilles minces conviendraient mieux. En réalité, les gazomètres en tôle sous lesquels on conserve dans les usines le gaz d’éclairage ne sont que des ballons. Le poids serait-il un inconvénient ?
- ↑ On annonce, il est vrai, qu’une mousseline double revêtue à l’intérieur seulement, ou à l’intérieur et à l’extérieur à la fois, d’une couche de caoutchouc, ferait un excellent service.