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Mais on produit aujourd’hui des feuilles minces de cuivre et de tôle qui ont à peine un ou deux dixièmes de millimètre d’épaisseur. Chacun a remarqué l’excessive minceur des feuilles d’étain qu’emploient certaines industries. Par malheur, le métal aplati par le laminage devient cassant, fragile, trop souple pour l’objet que l’on a en vue. Sous une épaisseur plus grande, il serait trop lourd. Il faut donc avouer que nous ne disposons d’aucune substance propre à faire un aérostat qui puisse rester gonflé pendant un temps très long. Tant que l’on n’aura rien découvert de mieux, les voyages aériens se borneront à un séjour de quelques heures dans l’atmosphère.

En dehors des utopies de certains hommes qui voudraient instituer sur une large échelle la navigation aérienne, il ne serait pas sans intérêt pour la science et peut-être pour l’agriculture que l’on arrivât à fabriquer des aérostats imperméables. Au siècle dernier, quelques années après que Franklin eut fait connaître que les pointes élevées préservaient de la foudre en neutralisant l’électricité atmosphérique, un magistrat français, de Romas, assesseur au présidial de Nérac, eut l’idée d’enlever pendant un orage un cerf-volant retenu par une corde métallique. Il en obtint des étincelles d’une grandeur surprenante, des lames de feu de plusieurs mètres de longueur. Ne pourrait-on renouveler cette grande et belle expérience au moyen d’un aérostat captif armé de pointes qui, montant beaucoup plus haut que les cerfs-volans, dépasserait de quelques centaines de mètres la couche atmosphérique où s’arrêtent d’ordinaire les pointes terminales des paratonnerres, et soutirerait l’électricité nuisible au sein même des nuages orageux? Frappé des désastres que produit la grêle, dont la formation paraît intimement liée à la présence de fortes charges électriques, Arago aurait voulu tenter une expérience si intéressante pour la richesse agricole du pays. Il supposait que par ce système on ferait avorter les plus violens orages. L’aérostat paragrêle devrait séjourner indéfiniment dans l’atmosphère; il est donc indispensable qu’il soit inaltérable par l’air qui l’environne et imperméable au gaz qu’il contient. Une enveloppe métallique pouvait seule convenir. M. Marey-Monge entreprit de faire construire pour cet usage un ballon de dix mètres de diamètre en minces feuilles de laiton. La tentative n’eut aucun succès, et servit seulement à démontrer à l’auteur qu’il était inutile de persévérer dans cette voie.

La nature de l’enveloppe n’est pas la seule question qu’il soit prudent d’étudier dans la fabrication des aérostats. Le gaz que l’on y renferme mérite aussi quelque attention. On n’a fait usage jusqu’à ce jour que de trois gaz différens : l’air échauffé, l’hydrogène et le