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d’insister toutefois sur le caractère de sa méthode, poursuivons-en les applications jusqu’à des vérités d’un ordre plus élevé.

Pourquoi le charbon, l’hydrogène, en se combinant avec l’oxygène, produisent-ils de la chaleur ? Telle est la question qui se présente maintenant à nous. L’expérience des chimistes a répondu que c’est là un cas particulier d’une loi générale, en vertu de laquelle toute combinaison chimique dégage de la chaleur. Le soufre de l’allumette qui brûle, c’est-à-dire qui s’unit à l’oxygène, le phosphore qui se combine à ce même oxygène avec une lueur éblouissante, le fer détaché des pieds des chevaux qui brûle en étincelles, le zinc qui produit cette lumière bleuâtre et aveuglante des feux d’artifice, fournissent de nouveaux exemples, connus de tout le monde et propres à démontrer cette loi générale. Elle embrasse des milliers de phénomènes qui se développent chaque jour devant nos yeux. La chaleur de nos foyers et de nos calorifères, celle qui fait marcher les machines à vapeur, aussi bien que celle qui maintient la vie et l’activité des animaux, sont produites, l’expérience le prouve, par la combinaison des élémens. Nous voici donc arrivés à l’une des notions fondamentales de la chimie, à l’une des causes qui produisent les effets les plus nombreux et les plus importans dans l’univers.

Nous ne sommes cependant pas encore au bout de nos pourquoi. Derrière chaque problème résolu, l’esprit humain soulève aussitôt un problème nouveau et plus étendu. Pourquoi la combinaison chimique dégage-t-elle de la chaleur ? Voilà ce que l’on se demande maintenant. Or les expériences les plus récentes tendent à établir que la réponse doit être tirée des faits qui réduisent la chaleur à des explications purement mécaniques. La chaleur paraît n’être autre chose qu’un mouvement, ou plus exactement un travail spécial des dernières particules des corps ; en effet, ce mouvement peut être transformé à volonté et d’une manière équivalente dans les travaux ordinaires, produits par l’action de la pesanteur et des agens mécaniques proprement dits. Telle est précisément l’origine du travail des machines à vapeur. Or, dans l’acte de la combinaison chimique, les particules des corps changent de distance et de position relatives, d’où résulte un travail qui se traduit par un dégagement de chaleur. C’est en vertu d’un effet analogue, mais plus palpable, que le fer frappé par le marteau s’échauffe, le rapprochement des particules du fer et le genre de mouvement qu’elles ont pris donnant lieu à cette même transformation équivalente d’un phénomène mécanique en un phénomène calorifique. Tout dégagement de chaleur produit, soit par une action chimique, soit par une action de toute autre nature, devient ainsi un cas particulier de la mécanique.