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On sait quelle lumière s’est faite récemment sur ce nom et sui-les artistes qui l’ont successivement porté. Un peintre de Bruxelles, nommé Jehannet Cloet, c’est-à-dire, en langage moderne, Jean Clouet, fut la souche de cette dynastie de peintres ; bientôt devenue française, et qui pendant près d’un siècle a parmi nous régné, comme celle des Vernet. Avant qu’on eût débrouillé cette histoire et fait la part de chaque génération, grâce au dépouillement de nos comptes royaux vaillamment entrepris par quelques érudits et avant tous les autres par M. le comte de Laborde, ce n’était pas pour un tableau un grand titre de gloire, ou du moins un honneur sans mélange, que d’être attribué à Clouet. Ce qu’on appelait alors un Clouet ou plutôt un Janet (surnom donné de son vivant à François Clouet en souvenir du prénom de ses pères), c’était un portrait quelconque de petite dimension, d’un faire plus ou moins sec, plus ou moins précieux, et passant pour représenter un personnage historique contemporain d’un de nos rois, depuis Louis XII jusques et y compris Henri III. Comme on accumulait ainsi sous la même dénomination beaucoup plus d’œuvres médiocres que d’estimables ouvrages, il s’ensuivait que le nom de Janet n’avait par lui-même aucun lustre ; c’était un mot sans valeur, s’appliquant à un être inconnu, impossible, presque à un être de raison. Maintenant la critique a mis bon ordre à ce chaos : elle distingue entre les Janet, d’abord par voie chronologique, n’attribuant à chacun que ce qu’il a pu faire pendant sa propre vie, puis par comparaison, par ordre de mérite, prenant pour type les œuvres les plus fines, les plus irréprochables, et attribuant aux inconnus, aux copistes, aux imitateurs, sous le nom générique d’école des Clouet, celles qui s’en distinguent à des signes certains.

Or qu’est-il résulté de cette épuration ? Nous ne parlons ici ni de l’aïeul ni du père ; ils avaient, au temps de Henri II, cessé de vivre l’un et l’autre : nous ne nous occupons que de François, du petit-fils, le plus célèbre des trois. Eh bien ! sur quinze ou vingt portraits que possède le Louvre, et que les inventaires et les anciens livrets attribuaient à Clouet, il ne reste à porter, tout bien examiné, bien comparé, au compte de François, comme évidemment authentiques, que deux portraits seulement. Telle est du moins la sentence qu’enregistrent les derniers livrets avec une franchise dont nous leur savons gré. Serait-on sur le point de changer de méthode ? Voudrait-on revenir sur ces justes rigueurs et accepter comme authentiques, peut-être à titre de coups d’essai et d’œuvres de jeunesse, quelques-uns de ces portraits exclus ? Nous le craignons, à voir dans la salle nouvelle, ouverte depuis quelques jours, certaines inscriptions rétablies en contradiction du livret. Ils nous sont en