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qui avez été le témoin de notre union, l’ami et presque le tuteur de mon mari, vous gardez des formes trop cérémonieuses avec moi. Je vous en prie, accordez-moi un peu de cette affection dont vous lui avez déjà donné tant de preuves; appelez-moi Isabelle comme vous l’appelez Henri.

HERMAN

Mon cher Noirmont, je me joins à elle; tu ne repousseras pas sa déclaration d’amitié.

NOIRMONT, leur tendant la main à tous deux.

J’accepte de grand cœur, mes enfans! (Regardant Herman.) D’ailleurs la vertu d’Isabelle peut tout braver, même ma familiarité.


SCÈNE V.
LES PRÉCÉDENS, EMMA, en costume de chasse.
EMMA

Bonjour, chère Isabelle, (Elles s’embrassent)

ISABELLE

Bonjour, chère sœur.

HERMAN, allant au-devant d’Emma, qui va à lui.

Déjà en uniforme, belle Chasseresse? (Il la prend par la taille et lui baise la main.)

EMMA

Oui, je crois que nous aurons un temps magnifique, (A Noirmont, lui tendant la main.) Salut à mon adorateur! (A Isabelle.) Ne venez-vous pas avec nous?

ISABELLE

Non. Vous savez, Emma, que je redoute la fatigue; puis, il faut tout dire, je ne saurais me résoudre à quitter mon fils pendant une journée.

HERMAN

Chère Isabelle, votre santé,... notre enfant,... comment combattre de pareilles raisons? Mais il faudrait que la chasse fût bien malheureuse pour que nous ne fussions pas rentrés longtemps avant la nuit.

NOIRMONT, près de la table, où il a pris un journal.

Eh bien ! mademoiselle, vous ne demandez pas des nouvelles de votre fiancé, mon odieux rival ! N’a-t-il pas déjà cherché à vous voir?

EMMA, avec indifférence.

Je ne sais, je crois l’avoir aperçu dans le parc, se dirigeant du côté de la tour.

NOIRMONT

A sa place, j’aurais épié le regard matinal de mon amie. Pour l’obtenir, j’aurais lancé un bouquet dans sa fenêtre, j’aurais profité d’une porte entr’ouverte pour plonger dans sa chambre un regard indiscret; mais ce sont là façons d’aimer à la française! Un fiancé allemand accorde à la tourelle toutes ses préférences, surtout un fils des croisés, un membre de la chambre des seigneurs!

HERMAN

Fritz n’a pas seul la passion du gothique : le marquis de Maran n’a consenti à nous louer sa terre, pendant son séjour en Italie, qu’à la condition