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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/767

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SCÈNE II.
NOIRMONT, POMPÉA, LA SIGNORA BARINI.
BARINI, avec un accent italien des plus prononcés.

Eh ! voila ce diplomate de Noirmont,

NOIRMONT, se retournant, étonné.

Pompéa! Barini !

BARINI

Eh, si ! c’est nous !

POMPÉA

Mon bel oncle, vous allez nous aider à trouver Pompée.

NOIRMONT

Pompée? il n’est pas ici.

POMPÉA

Quoi ! serait-il allé justement à Paris?

NOIRMONT

Je ne sais... mais par quel hasard?...

POMPÉA

Bel oncle, toute votre discrétion est maintenant inutile... Vous êtes plus étonné que charmé de nous voir.

NOIRMONT

Il est certain...

POMPÉA

Par momens, je crois moi-même être dupe d’un songe; rien pourtant n’est plus simple que ce qui m’arrive : ce matin, comme je déjeunais avec Mme Barini, Lebel est venu chez moi pour changer les tentures de mon salon; il m’a appris qu’il meublait un hôtel au faubourg Saint-Honoré par ordre de Pompée, qui habite en attendant le château de Maran.

BARINI

Et nous sommes parties sans finir la chocolata.

POMPÉA

Nous avons pris le chemin de fer jusqu’à Fontainebleau, et notre postillon vient de nous descendre à la grille du château.

NOIRMONT

Je vous répète qu’il n’y a plus de Pompée. J’ai dû, jusqu’au dernier moment, défendre un secret qui n’était pas le mien ; à présent que vous savez une partie de la vérité, il est nécessaire que vous la connaissiez tout entière.

BARINI

Ma que peut-il lui être arrivé, à ce povre garçon?

NOIRMONT

Il y a deux ans, un ancien ami de sa famille, le comte Herman, est mort à Dusseldorf ; lié depuis longtemps avec lui, je l’avais tenu au courant des désordres de Pompée, de ses prodigalités, de sa ruine; il lui a laissé par testament son immense fortune, à la condition de quitter Paris, de prendre