l’Opéra ! Tout le monde faisait cercle autour de lui. Je sais ce que c’est que la danse; eh bien! vrai, je n’étais pas digne de dénouer les cordons de ses souliers.
Ne voulez-vous pas vous asseoir un instant sur ce banc?... Vous êtes infatigable; mais nous serons mieux pour causer : c’est si rare un tête-à-tête avec vous !
Diable! nous sommes pris! (Il l’entraîne dans l’intérieur de la serre.)
Comme ce costume vous sied! Quel délicieux désordre dans votre chevelure! l’animation de la chasse a coloré vos joues de ces teintes rosées qui entourent le soleil couchant; votre œil de velours a pris l’éclat du diamant.
Est-ce la chasse qui me rend belle?
J’ai tort d’attribuer tant de beauté à des causes matérielles ; le charme qui éclaire votre visage est celui de la femme qui se sent aimée.
Parlez-vous sérieusement?
Chère Emma, il est impossible que vous n’ayez pas deviné le tourment que j’endure.
Si je vous croyais, quel malheur pour nous deux ! Être à la fois si près et si loin! Qui sait si bientôt nous n’aurons pas à regretter le temps présent?
Que je hais celui qui vous épousera!
Vous aimez Isabelle.
Quoi qu’il puisse m’en coûter, je ne mentirai pas. Oui, j’ai pour Isabelle une tendresse infinie, je chéris en elle la femme et la mère; mais tous ces sentimens n’ont pu empêcher une passion plus forte de naître dans mon cœur. Cette passion me brûle, me domine, et si... (on entend dans la serre un bruit de pots de fleurs qui tombent et se brisent et un grand éclat de rire de Lisette. On voit Dubois routant à terre. Herman et Emma se lèvent précipitamment.)
Ciel! On nous écoutait! De quel côté fuir? (Elle s’enfuit effrayée par le fond.)
Emma, rassurez-vous... Elle n’est plus là. (Transporté de colère.) Je voudrais bien savoir quels sont les misérables!... (Regardant dans la serre, il aperçoit Dubois à terre entre plusieurs pots de fleurs.) Drôle ! que fais-tu là?