ni votre esprit d’observation ; mon moyen, que vous traitez de puéril, est une sorte d’intuition qui ne m’a jamais trompée.
Oui, excepté au sujet d’Emma, votre meilleure amie, pour laquelle vous avouez que votre expérience magnétique concluait à l’antipathie.
Emma a été élevée avec moi ; elle est ma compagne, ma parente, mais je n’ai pas choisi son amitié… D’ailleurs, un fait isolé ne prouve rien, (A Pompéa.) Vous consentez, chère demoiselle ? Après vous avoir entendue, je suis sûre d’avance que le résultat sera favorable. (Pompéa lui donne sa main, qu’elle tient étroitement serrée dans la sienne. Herman les observe d’un œil inquiet. Au bout d’un moment, Isabelle, avec émotion :) C’est singulier, je n’aurais jamais cru !… J’éprouve absolument les mêmes effets que lorsque Herman m’a tendu la main pour la première fois, d’abord une sorte de répulsion à laquelle succède la plus vive sympathie.
Ayez confiance, la sympathie l’emportera… Voulez-vous me permettre, madame, à mon tour, de vous demander une faveur ?… Faites-moi voir votre George.
Très volontiers.
Restez, nous ne voulons pas de vous.
Ce que c’est qu’une mauvaise conscience ! je ne peux me défendre d’une sotte inquiétude à l’idée de Pompéa seule avec ma femme ! Je devrais me réjouir au contraire, car, elle aussi, elle commence à subir l’ascendant de la douce vertu d’Isabelle.
Est-ce que ces dames sont sorties ?
Elles viennent de passer dans la chambre voisine pour admirer mon fils. Ne les dérangez pas, elles sont en train de s’aimer. Leur union complétera mon bonheur.
Mauvais souzet ? C’est-à-dire qué tu veux conserver ta nouvelle conquête sans renoncer à l’ancienne ; tou es countent qu’elles s’aiment pour mieux t’adorer. Tou es oun accapareur ! comme vous dites en français, oun coumoulard… Je mé sens à l’aise depouis que la countesse a été si bonne que de mé permettre de té tutuoyer ; auparavant, j’avais tellement peur de mé tromper, que je n’osais plous te parler.