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BARINI

Il vaut mieux que zé né parle pas, perqué zé commence à radoter. (Silence.)

POMPÉA, voulant changer la conversation.

Les promeneurs ont vraiment un temps magnifique !

HERMAN

Aussi vont-ils sans doute prolonger leur course.

ISABELLE, à Barini.

Vous avez connu mon mari depuis son enfance?

BARINI

Sans doute, madame la countesse, sans doute. Quand j’étais joune et belle, et en répoutation, et que dés gens qui né mé salouent même plous à l’heure qu’il est se traînaient à mes genoux, lé douc, son père mé faisait la cour, ma oune courl tout cé qu’il y a de plous sérioux ! Il avait perdou la tête à ce point qu’il voulait m’épouser.

HERMAN

Eh! qui vous dit, cara Barini, que ce fût une preuve de folie?

BARINI

Tais-toi ! Heureusement que j’ai eu de la raison pour doux ! car, si j’avais cédé, il né se serait pas marié avec ta mère, et toi, tou né serais pas né, moun povre Pompée.

ISABELLE

Pompée !... Henri, vous seriez ce duc Pompée ?... Vous m’auriez trompée à ce point!

HERMAN

Pardonne-moi, chère Isabelle ! Quand tu sauras...

ISABELLE, avec indignation.

Tout n’est-il pas assez clair?... N’avez-vous pas fait venir ici mademoiselle, à qui vous avez permis de débuter sous votre nom?

POMPÉA

Madame, je vous jure qu’hier encore Pompée ignorait...

ISABELLE

Assez, mademoiselle! (A Herman, qui s’approche d’elle.) Assez laissez-moi! Laissez-moi me retirer près de mon fils, près du seul être qui ne m’ait pas trahie! Ne me suivez pas! Je vous défends de me suivre! (Elle fait quelques pas vers sa chambre, et tombe évanouie.)

HERMAN, s’élançant et la prenant entre ses bras.

Ah! misérable! elle se meurt peut-être, et je suis son meurtrier! (Il l’emporte dans sa chambre. On entend un coup de sonnette, et Dorothée traverse le salon.)


SCÈNE IV.
POMPÉA, LA BARINI.
BARINI

Mon Diou! quel affreux accident! Qui aurait pou s’imaginer que ce noum