Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/899

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

etc.[1], aient attiré nos regards par leurs enluminures criardes, nous n’y avons rien trouvé à citer, soit qu’en effet elles n’aient pas même les mérites du genre, soit peut-être qu’il leur manque ce prestige de la distance, qui, pour la poésie comme pour la peinture, est une condition indispensable à l’effet.


II. — CHANSONS POPULAIRES, MARITIMES ET DOMESTIQUES.

Les chants maritimes de l’Angleterre forment un groupe important, dont la place est marquée entre les chansons historiques, qu’une analogie de forme en rapproche souvent, et les chansons populaires proprement dites. Ces chants de marins jouissent même d’une faveur toute particulière dans le royaume-uni. En pourrait-il être autrement ? La vie du marin touche en Angleterre par mille côtés à la vie commune. Pour qui Shakspeare a-t-il écrit ? Pour un parterre de matelots. Quels sont les noms que l’Anglais cite avec le plus d’orgueil ? Ceux de ses braves amiraux. On a remarqué que Wellington n’avait jamais approché de la popularité de Nelson. Ajoutons que Waterloo n’a pas inspiré un chant qui puisse soutenir la comparaison avec la Bataille de la Baltique et le Ye, mariners of England, de Campbell. L’habit rouge pâlit devant la jaquette bleue dans l’estime des Anglais et dans les bonnes grâces des jolies filles d’Albion. Ils aiment à se personnifier dans leurs marins, comme la France dans ses soldats. Écoutez plutôt le Rule Britannia, qui est leur chanson patriotique, comme le God save est leur chanson loyale. Le Rule Britannia est un chant maritime bien plus que militaire.


« Lorsque l’Angleterre, à la voix du Tout-Puissant, surgit de l’azur des mers, elle reçut en partage l’empire des flots, et les anges gardiens la saluèrent de ce chant : Règne. Albion, règne sur l’Océan, car les Bretons ne seront jamais esclaves !

« Les nations moins heureuses que toi doivent tour à tour tomber sous le joug des tyrans ; mais toi, tu fleuriras grande et libre, objet d’envie et de crainte pour le reste de la terre. — Règne, Albion, etc.

« Tu te relèveras plus grande et plus majestueuse de toutes les attaques de l’étranger. Ainsi la tempête qui déchire les nuages ne fait qu’affermir dans ses racines le chêne de tes forêts. Règne, Albion, etc.

« À toi la palme de l’agriculture et du commerce ! à toi les faveurs des muses, sœurs de la liberté, île chérie du ciel, couronnée de beautés sous la garde du courage ! Règne, Albion, etc. »

M. J. O. Halliwell, qui a publié pour la société Percy les Anciennes

  1. L’une de ces dernières commence par ces lignes rimées, qui peuvent donner une idée du reste :

    Oh ! listen, you sons of the nation, now a glorious achievement is done,
    The stronghold Sebastopol is taken, this victory the Allies have won.