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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier 1864.

La tâche que nous aurions aujourd’hui à remplir semble nettement tracée : notre mission serait d’essayer de résumer les impressions que les nobles et vastes débats commencés au corps législatif laissent au sein du grand auditoire de la France ; notre devoir serait de condenser les argumens qui s’entre-choquent dans la discussion, de les peser, de les comparer, de les mettre en balance ; notre agrément et notre plaisir seraient d’étudier sur le vif le génie ou le talent des orateurs, d’estimer la portée de leurs paroles par l’appréciation de leurs antécédens et de leur situation personnelle, de calculer l’influence réciproque des personnes sur les choses et des choses sur les personnes, de faire en un mot, à propos des scènes d’éloquence politique auxquelles nous assistons, ce double travail entremêlé, qui consisterait à constater l’impulsion que les débats législatifs donnent à la vie publique de ce pays, les résultats pratiques qui en découlent pour la conduite de nos affaires, et en même temps à rendre cette sorte d’émotion esthétique que l’on éprouve devant le spectacle de l’émulation des opinions et des talens. Eh bien ! cette tache, nous croyons, à notre grand regret, que nous n’avons pas le pouvoir légal de la remplir. Comment pourrions-nous nous y essayer sans courir le péril d’être accusés d’esquisser un compte-rendu des débats parlementaires ? Il ne peut y avoir d’autres comptes-rendus de ces débats que ceux qui sont autorisés par le règlement de la chambre. Entre l’appréciation permise et le compte-rendu interdit, qui nous dira où est la limite ? Les avertissemens donnés récemment aux journaux nous ont bien montré qu’aux yeux de l’administration il existe une telle limite, et qu’il est dangereux de la franchir ; mais l’administration ne nous a point fait connaître où elle la place. Si donc nos lecteurs trouvaient que nous ne consacrons point aux débats du corps législatif l’attention détaillée et sympathique dont ils sont si dignes, qu’ils veuillent bien ne point nous accuser de négligence ou de froideur. La cir-