à l’état de pureté, comme dans le Néo-Zélandais dont Hamilton Smith a reproduit le portrait fait à Londres[1]. C’est encore à lui qu’il faut probablement attribuer la disposition à friser que présente la chevelure. Toutefois l’élément qui domine de beaucoup, au moins dans une partie de cette population, c’est l’élément blanc. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir les atlas des voyageurs, en particulier ceux qui complètent les ouvrages de Dumont-d’Urville et de ses compagnons.
Ici, il est bon de prévenir une objection qu’on pourrait être tenté de faire à la manière dont j’envisage la race polynésienne et au rôle prédominant que j’attribue à l’élément blanc dans la formation de cette race. Lorsqu’on compare les dessins que je viens d’indiquer aux bustes que possède le Muséum, on est frappé d’une assez grande différence. Les figures gravées ont en général des traits bien plus fins ou plus nobles, plus rapprochés du beau type blanc que les bustes. On pourrait être tenté de croire que le peintre a aidé aux ressemblances et embelli la nature, que le mouleur était réduit à reproduire rigoureusement. On doit remarquer néanmoins que le premier a fait poser devant lui l’aristocratie du pays, laquelle n’a pas voulu se soumettre aux manœuvres du moulage, toujours assez pénibles et quelque peu effrayantes. Le mouleur n’a donc pu prendre ses modèles que dans la classe inférieure et vouée aux travaux les plus pénibles. Or, en Océanie comme en Europe, ce n’est pas là que le type s’ennoblit et s’épure le plus. En outre les causes d’inégalité d’une classe à l’autre sont peut-être plus prononcées dans la Polynésie que chez nous. Tous les voyageurs s’accordent à signaler la supériorité physique des chefs. Leur taille, disent-ils, est beaucoup plus haute, leurs proportions plus élégantes malgré une certaine tendance à l’embonpoint, leurs traits plus beaux. En général, le fait a été attribué seulement au genre de vie et à une plus grande abondance de nourriture ; mais il faut aussi, ce me semble, faire la part d’une autre cause bien digne de fixer l’attention de l’anthropologiste, quoiqu’on n’en ait, je crois, tenu jusqu’ici aucun compte.
Lorsque Wallis découvrit Otahiti, il y trouva, mais seulement parmi les chefs, des individus à cheveux roux et même blonds. Ce fait, qui paraît avoir été oublié, a la plus grande importance à mes yeux. Ces individus blonds rencontrés dans un des archipels les plus lointains de la Polynésie à l’époque des premières découvertes ne pouvaient provenir d’un croisement récent avec les Européens. Ils
- ↑ Cet habitant de la Nouvelle-Zélande avait fait le voyage d’Europe tout exprès pour apprendre les arts d’Europe et en enrichir sa patrie. (H. Smith, The natural History of the human species.)