Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/965

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHANSON.


Si l’on savait la vie
Du pauvre charbonnier,
Plus d’un aurait envie
Peut-être du métier,
Et dirait : Gai la vie
Du charbonnier !

Notre hutte est petite,
Toute de rameaux frais ;
Mais celui, qui l’habite
Y trouve des attraits,
Un bon lit de fougère,
Puis un cruchon de vin,
Pour rendre plus légère
La tâche du matin.

Le matin, la fauvette
Nous sonne le réveil ;
En nos mains la serpette
Joue aux feux du soleil.
Quand nous taillons la soupe,
C’est au chant des oiseaux
Qui descendent en troupe
Partager les morceaux.

La nuit, quand tout repose
Au fond de la forêt,
À l’entour du feu rose
Qui luit sous le cotret,
On fume et puis l’on chante,
Et le sommeil vous prend,
Toujours l’âme contente
Et d’amour rêvassant.

Si notre face est noire,
Notre cœur ne l’est pas ;
Maint pauvre homme a mémoire
De nos humbles repas.
Par la nuit et l’orage
Que de piétons surpris
Sous nos toits de feuillage
Ont trouvé des abris !