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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 avril 1864.

La marche de la vie politique, si l’on veut donner ce nom au travail intérieur des assemblées représentatives et aux événemens, est depuis quelques mois d’une extrême lenteur. On voyait à peine couler les eaux paresseuses de ce fleuve engourdi. Pour le moment, cette stagnation va cesser. On dirait que la politique n’est point insensible à l’influence des saisons : elle a ses lunes. On a remarqué depuis longtemps en Angleterre que les fêtes et les vacances de Pâques divisent la session en deux parts qui diffèrent par le caractère et l’importance ; c’est d’ordinaire après l’Easter recess, avec l’exposé financier du chancelier de l’Échiquier, que commence la partie laborieuse de la session anglaise, celle où se décident les luttes de partis. Cette année, par un effet du hasard, la vie politique officielle de l’Europe semble s’être conformée à cette division. Elle a eu ses vacances de Pâques, et elle en sort à peu près partout modifiée d’une certaine façon et avec quelques velléités d’activité. Nous allons avoir la conférence si longtemps attendue à propos des affaires du Danemark : c’est le 20 avril qu’elle doit se réunir ; les protocoles fleuriront avec les lilas. Le cabinet anglais se présente à nous légèrement replâtré dans son personnel, sérieusement fortifié par le budget de M. Gladstone, un peu noyé dans le pittoresque tumulte des ovations garibaldiennes. Notre corps législatif, qui avait commencé ses vacances de Pâques à la Chandeleur, se réveille. Il vient de voter la loi sur la caisse des retraites avec le luxe de science abstraite qu’aurait pu montrer un mathématicien ferré sur le calcul des probabilités ou l’actuary d’une société d’assurances sur la vie. Les rapports sur la loi des sucres et sur le budget viennent de sortir enfin du laboratoire des commissions. L’archiduc Maximilien est empereur du Mexique. Si la grippe l’eût permis, il serait déjà parti pour aller demander au saint-père sa bénédiction, et comme ses dernières offres ont paru acceptables aux bondholders, les titres de son emprunt ne tarderont point à être émis