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plus blanche et jetterait un plus vif éclat. La lumière de la flamme peut ainsi être doublée à volume égal ; mais comme le volume réel de cette flamme, par la combustion rapide, se trouve amoindri des quatre cinquièmes, il en résulte une perte nette des deux cinquièmes environ de l’intensité lumineuse totale ou de la quantité primitive de lumière. Par une série d’expériences dont les détails ne sauraient trouver place ici, je suis arrivé à cette conclusion, que le maximum de lumière économiquement réalisable correspond à une combustion tellement bien ménagée à l’aide d’un accès d’air convenable et d’une vitesse modérée, qu’une quantité déterminée de gaz donne le plus grand volume possible de flamme, sans toutefois laisser échapper ni gaz, ni carbone non brûlé. Péclet, le savant et regrettable professeur de physique industrielle à l’École centrale des arts et manufactures, ayant constaté des faits semblables pour l’éclairage avec l’huile brûlée dans des lampes, on a dû considérer comme très générale cette théorie qui peut être encore formulée en ces termes : la quantité de lumière produite par une flamme est proportionnée à la quantité et à la température des particules charbonneuses en suspension dans cette flamme.

Tels sont, pour la production des gaz d’éclairage, les principes indiqués par la science : il faut rechercher encore si, en se conformant à ces principes, on arrive à une production économique. Dans l’état actuel de l’industrie, le moins dispendieux de tous les moyens connus de fabriquer la lumière, c’est en général la distillation de la houille, car on obtient ainsi, outre le gaz, plusieurs produits accessoires longtemps négligés ou au-dessus des besoins de la consommation, mais qui tous aujourd’hui ont un emploi utile, grâce à d’ingénieuses innovations. Il est toutefois des pays où la houille est loin de présenter les mêmes avantages, les contrées par exemple de l’Allemagne et de la Russie où, dans l’état actuel des moyens de transport, les bois résineux fournissent à plus bas prix le charbon, le gaz et le goudron. Il en serait de même sans doute de la Pensylvanie et du Canada, où les sources abondantes d’huile de petroleum[1] offrent une matière éclairante d’un usage très économique, soit employée directement dans des lampes spéciales, soit transformée en gaz.

Les espèces de houille propres au développement des gaz éclairans sont assez variées. Dans les usines, on accorde la préférence, comme présentant le plus d’avantages, aux houilles grasses à longue flamme, par exemple à celles qui sont connues sous les noms de houilles de Mons et de Commentry et au cannel-coal du Lancashire.

  1. L’exploitation des huiles minérales provenant des sources de Pensylvanie s’est considérablement développée depuis qu’il en a été question ici même. Elle représente actuellement un commerce annuel d’environ 2 milliards de kilogrammes.