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fois pour toutes d’un poids tel que le gaz en reçoive la pression, — variable suivant les différences de niveaux entre l’usine et les points d’arrivée, — suffisante en tous cas pour vaincre les résistances de frottement dans les tubes et les quelques centimètres d’eau que le gaz traverse dans les nombreux compteurs indiquant les volumes dépensés par chaque consommateur. Profitant d’ailleurs de l’excès de pression dont on dispose maintenant à volonté dans toutes les usines depuis l’installation des pompes aspirantes et foulantes Mlles par des machines à vapeur, on a partout aussi supprimé les contrepoids naguère adaptés aux cloches des gazomètres, et l’on a fait disparaître du même coup les chances d’irrégularité dont les chaînes de suspension et les poulies de renvoi étaient fréquemment la cause.

Nous ne saurions quitter ce sujet sans dire un mot des graves embarras qu’occasionnent parfois aux entreprises d’éclairage au gaz et aux propriétaires du voisinage les citernes des gazomètres. On construit en général ces immenses réservoirs en maçonnerie épaisse, douée d’une résistance proportionnée aux pressions inégalement contre-balancées qu’elles reçoivent de l’eau intérieure, et à l’extérieur de la poussée des terres. Toutefois il arrive souvent que, sous le fond de la citerne, le sol, trop peu résistant sur quelque point, cède à l’énorme charge, et, pour peu qu’il fléchisse, détermine dans la maçonnerie des fissures par lesquelles l’eau s’infiltre dans les terres environnantes. Dès lors se trouve de plus en plus compromise la solidité de la massive construction, qui bientôt exige des réparations difficiles et coûteuses. Parfois, avant que l’on ait pu reconnaître les fuites et procéder aux réparations, le liquide s’échappe de la citerne, gagne les parties déclives des terrains environnans, et s’introduit dans les puits, dont il rend l’eau impropre aux usages ordinaires. En effet, les produits sulfurés, ammoniacaux, et les parties solubles du goudron que ces liquides contiennent toujours, communiquent à l’eau une odeur désagréable et des propriétés dangereuses pour les hommes, les animaux, les plantes, et nuisibles dans les opérations de teinture ou de blanchiment.

Pour échapper à ces graves inconvéniens, MM. Manby et Wilson, en établissant leur première usine près de la barrière de Courcelles, avaient construit, à l’imitation des ingénieurs de Londres, des cuves en fonte destinées à contenir l’eau de leurs gazomètres. Ces cuves, formées de plaques boulonnées et reposant sur des piliers, étaient accessibles de toutes parts ; les fuites, très rares, étaient immédiatement reconnues et facilement réparées ; mais à cette époque, les dimensions des gazomètres, bien moindres qu’aujourd’hui, permettaient l’emploi de la fonte, ce qui maintenant serait trop dispendieux malgré la réduction considérable qu’ont subie les prix.