Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 50.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des inconvéniens du même genre, d’autres même plus graves encore, accompagnent l’établissement des conduites souterraines où circule le gaz sous les voies publiques, ainsi que l’installation à demeure des tubes de distribution dans les maisons habitées. Il faut les signaler, avant de décrire les procédés ingénieux employés dans ces dernières années pour s’en garantir presque complètement. À l’époque du premier établissement des conduites à gaz dans Paris, les tuyaux en fonte alors en usage, moulés dans des conditions peu favorables, présentaient souvent quelques fissures inaperçues ou des parois amincies par l’interposition de bulles gazeuses au moment de la coulée. Ces regrettables, exposés dans le sol humide des rues à une oxydation extérieure, rongés intérieurement par quelques produits volatils acides condensés dans le parcours du gaz, ne tardaient guère à laisser fuir les gaz et liquides en telle quantité qu’entre le point de départ des usines et l’arrivée aux tubes de distribution chez les habitans et dans les lanternes de l’éclairage public, la déperdition totale s’élevait par degrés à 15 et jusqu’à 25 pour 100. C’était là non-seulement une cause d’amoindrissement considérable des bénéfices pour les compagnies, mais encore une source continuelle d’accidens regrettables. Le gaz échappé des conduites, pénétrant à une assez grande distance, déposait dans les interstices du sol des hydrocarbures volatils, des produits sulfurés et ammoniacaux communiquant aux masses des terres environnantes l’odeur fétide et la teinte brune que tout le monde a pu remarquer chaque fois qu’on ouvre des tranchées dans les rues de Paris. De là encore le dépérissement des arbres exposés à l’action délétère du gaz, qui semblait devoir par degrés atteindre toutes les plantations publiques de la capitale. Plusieurs perfectionnemens nouveaux ont été appliqués avec succès pour mettre un terme à ces déperditions et aux fâcheux résultats qu’elles produisent. Les plus larges conduites en fonte ayant un diamètre d’environ 90 centimètres, plus soigneusement moulées, ont été en outre soumises, avant la réception, à un examen attentif et à des épreuves rigoureuses, qui garantissent une complète imperméabilité sur tous les points. Les joints ont été rendus étanches à l’aide de colliers en fer sous lesquels une couche de plomb a été coulée et fortement refoulée. Puis est venue l’invention remarquable de M. Chameroy, qui a permis de substituer aux anciens tuyaux en fonte, et jusqu’aux dimensions de 80 centimètres de diamètre, des tubes en tôle de fer étamée au plomb sur ses deux faces, rendus extérieurement inoxydables par une couche épaisse de mastic bitumineux incrusté de sable. La longueur de ces conduites, deux ou trois fois plus grande que celle des tuyaux de fonte, a diminué de moitié ou des deux tiers le nombre des joints ; ceux-ci sont d’ailleurs