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de la Silésie à la frontière rhénane. L’Autriche a aussi à peu près terminé sa triangulation; mais les ingénieurs de l’institut impérial et royal de géographie militaire ont reconnu qu’il était devenu nécessaire d’en recommencer certaines parties d’une exactitude douteuse, et ils ont senti surtout qu’il serait utile de contrôler leur travail en se reliant vers le midi au réseau italien, de même qu’ils se joignent vers le nord au réseau prussien. Les cartes topographiques que publient les gouvernemens de l’Allemagne seront ainsi rattachées les unes aux autres. Il est à regretter qu’elles soient dressées en général à des échelles différentes. La Prusse a dessiné au 80,000e les feuilles des provinces rhénanes, et au 100,000e les feuilles des provinces orientales; l’Autriche a adopté les échelles du 144,000e et du 288,000e, qui sont assurément trop petites pour des plans topographiques. Les états de moindre importance, le grand-duché de Bade, la Saxe, le Wurtemberg, qui n’avaient à explorer qu’un territoire restreint, ont, pour la plupart, fait choix d’une échelle plus grande, le 50,000e ou même le 25,000e, et ont, pour la même raison, terminé promptement leurs travaux. Les petites principautés ont presque toutes pris des arrangemens avec leurs puissans voisins pour que leur surface fût levée et publiée en même temps que celle des royaumes où ces principautés sont enclavées. Toutes ces cartes sont les unes achevées, les autres très avancées, et la topographie allemande sera complète d’ici à quelques années.

De tous les pays, c’est peut-être la Russie qui dans ces derniers temps s’est montrée le plus favorable aux travaux géodésiques. On doit ce résultat principalement au zèle et à l’habileté de quelques savans astronomes, parmi lesquels il est juste de citer spécialement M. le général de Schubert et M. de Struve, directeur de l’observatoire impérial de Poulkova. Mesure d’un arc de méridien de 25° 20’ entre Ismaïl, à l’embouchure du Danube, et Fugleuaes, à l’extrémité septentrionale de la presqu’île scandinave, nivellement des pays compris entre la Mer-Noire et la Mer-Caspienne, observations astronomiques nombreuses en Sibérie et au Caucase, expéditions chronométriques entre Poulkova, Altona et Greenwich, triangulation presque complète des provinces européennes et d’une partie du pays transcaucasien, tels sont les immenses travaux, d’une valeur scientifique incontestable, par lesquels se sont signalés les astronomes de l’empire des tsars. Quelque vastes que soient les possessions russes en Europe, la topographie en est déjà très avancée, et la publication de l’œuvre totale ne se fera pas beaucoup attendre. En même temps, la Société impériale de géographie de Saint-Pétersbourg coopère aux explorations topographiques, et fait lever une carte de la Sibérie orientale jusqu’à l’embouchure du fleuve Amour.