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produits servant immédiatement à satisfaire les besoins des populations. La terre arable est très peu étendue, puisqu’elle ne comprend que 700,000 hectares environ, soit moins du quart de la superficie totale susceptible d’être mise en valeur. Sauf les contrées couvertes de hautes montagnes, on ne rencontre guère en Europe de pays où la charrue joue un rôle aussi secondaire.

Les bois occupent également une place très restreinte : tandis qu’en France et en Belgique ils s’étendent sur le sixième du territoire, ici ils n’en prennent que la quatorzième partie. C’est très peu à coup sûr. A l’époque anté-historique, la plus grande partie de la contrée semble avoir été couverte d’épaisses forêts de chênes, de plus et d’aunes, car au fond des tourbières on trouve une couche pour ainsi dire continue de gros troncs d’arbres étendus presque tous dans le même sens. On suppose que ces arbres poussaient sur un terrain peu consistant, et que les tempêtes les auront renversés dans les eaux des marais, qui les auront conservés et où ils se seront ensevelis peu à peu sous les détritus accumulés. C’est un phénomène naturel dont on peut suivre encore la marche dans les grandes forêts marécageuses de la Louisiane et dans le dismal swamp de la Virginie, où les ouragans abattent parfois par milliers les gigantesques taxodiums aux fûts élancés comme des mâts de navire et aux racines en forme d’arcs-boutans. Même jusqu’au commencement du moyen âge, la plus grande partie de la région sablonneuse, maintenant presque tout à fait dépouillée et transformée en landes nues ou en sables mouvans, était occupée par de grands bois dont il ne reste plus que quelques lambeaux. Les hagiographes et les anciennes chroniques nous représentent les apôtres de l’Évangile et les chasseurs égarés à la poursuite du gros gibier marchant des journées entières en de vastes forêts qui ont disparu sans laisser de traces. Aujourd’hui il y a des provinces où les bois font complètement défaut. Ainsi la Drenthe n’en possède que 5,000 hectares, et la Groningue qu’un millier d’hectares seulement. Cela est d’autant plus regrettable que la Hollande a besoin de beaucoup de bois, d’abord pour ses constructions navales, ensuite pour tous ses travaux de défense contre la mer et les fleuves, enfin pour ses bâtimens de tout genre où le bois entre dans une grande proportion, à cause de la difficulté de se procurer d’autres matériaux et aussi de la mobilité du terrain, qui, en beaucoup de localités, ne supporterait pas des murs trop pesans. L’importation du bois, qui vient principalement du Nord, s’élève, année moyenne, à 15 ou 20 millions de francs, somme énorme pour un si petit pays.

En examinant encore le tableau de la répartition des cultures, on peut remarquer que les pommes de terre entrent pour une large