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LA POLICE
SOUS LOUIS XIV

NICOLAS DE LA REYNIE.

On connaît les vers pleins de mouvement et de verve où Boileau décrit les bruits, les embarras et les dangers des rues de Paris en 1660, à l’aurore de ce règne qui devait, par ses grandeurs comme par ses fautes, mais surtout grâce à sa phalange d’incomparables écrivains, prendre une si large part dans l’histoire. Expression vive et juste des aspirations d’une société désireuse d’ordre, de paix intérieure, de sécurité, ce cri d’alarme du jeune poète ne fut perdu ni pour Louis XIV, ni pour Colbert, et en 1667 Nicolas de La Reynie était nommé lieutenant de police. La création de cette charge, qui répondait à un besoin public et qui était confiée dès l’origine à des mains si habiles, fut pour la capitale du royaume, on peut le dire sans exagération, le point de départ d’une ère nouvelle. Un an auparavant, Colbert avait voulu remédier au défaut de sûreté et à l’insalubrité des rues; mais ses réformes n’obtinrent pas l’assentiment général, et, comme il arrive souvent, ceux-là crièrent le plus qui devaient en profiter davantage. Après avoir constaté, à la date du 26 septembre 1666, qu’on tenait des conseils pour la police de Paris chez le chancelier, et qu’un oncle de Colbert, le sévère Pussort, y avait la haute main, un contemporain dont le journal abonde en particularités instructives, Olivier d’Ormesson, exprimait la crainte que ce ne fût pour mettre Pussort en possession de la charge de lieutenant civil. Il ajoutait que « des conseillers d’état faisoient nettoyer