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de ses fautes et le contre-coup de ses embarras. Au point de vue administratif, il n’est pas bon de renforcer le système de centralisation qui enlace tout le pays, dont les exagérations nuisent à la juste répartition du bien-être et du mouvement social, et qui, à force de faire refluer au cœur tout ce que le pays renferme de force et de vie, doit finir par enlever aux extrémités toute vigueur et toute énergie. »

La discussion commença le 21 février. MM. d’Eichthal et Benoist-d’Azy se prononcèrent pour l’unité, MM. Ducos et Blanqui parlèrent contre. Dans la séance du 23, la chambre vota l’article 1er de la loi qui décidait la question en faveur des banques départementales. La révolution éclata le lendemain, et la discussion en resta là.

Un des orateurs entendus alors, M. Léon Faucher, avait pris une position intermédiaire. Voici comment il s’exprimait dans son discours du 22 février : «L’établissement des banques départementales a rendu de très grands services au pays. Ces banques ont eu le courage de fonder des institutions de crédit dans des villes où les premiers efforts de la Banque de France avaient échoué. Elles ont groupé les forces locales et ont commencé le réveil de l’esprit d’association hors de la capitale. Je crois que nous leur devons une véritable reconnaissance, et, quand je songe aux services passés, je me pénètre plus que jamais de la conviction qu’il y aurait vraiment de l’ingratitude à les détruire. Ce n’est pas leur destruction que je demande, c’est leur transformation. » Dans un autre passage du même discours, il disait encore : « Les comptoirs de la Banque de France n’ont pas de racines dans les localités qu’ils desservent, ils n’y sont pas nés. Ce sont de véritables colonies de la métropole. Ils ne disposent pas de l’influence que pourrait leur apporter le concours puissant du commerce local. C’est ce qui est, je le reconnais sans difficulté, une des principales causes de leur infériorité par rapport à la circulation des banques départementales. » Le système proposé par M. Léon Faucher se rapprochait beaucoup de celui qu’avait indiqué M. Rossi ; il le définissait lui-même la fédération des banques. Confédérer n’est pas supprimer.

Tel est en peu de mots l’historique de la question. On voit de quel côté les faits se prononcent. Il s’agit beaucoup moins aujourd’hui de ce qu’ont été les banques départementales que de ce qu’elles pourraient être, mais il n’était pas sans intérêt d’appeler le passé au secours de l’avenir.


LÉONCE DE LAVERGNE.