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L’EXAMEN DE CONSCIENCE
D’UN EMPEREUR ROMAIN

I. Les Pensées de Marc-Aurèle. — II. Les Antonins, par M. le comte de Champagny, 1863.

Depuis quelques années, l’attention a été plus d’une fois attirée sur Marc-Aurèle, grâce à des publications diversement intéressantes qui ont fait connaître avec plus de précision l’empereur et le philosophe. M. Ampère, dont la perte récente est en ce moment l’objet de tous les regrets, et M. Noël Des Vergers ont cherché des lumières nouvelles sur ce règne, l’un dans l’archéologie, l’autre dans les monumens épigraphiques. Les Pensées de Marc-Aurèle ont été traduites avec fermeté par M. Pierron[1], sa doctrine exactement exposée par un professeur distingué, M. de Suckau[2]. Enfin M. de Champagny dans son nouvel ouvrage, les Antonins, vient de faire sur Marc-Aurèle une longue étude historique et morale que nous avons lue avec un vif intérêt, mais non sans déplaisir et tristesse. L’auteur de ce livre ne manque sans doute ni de convictions généreuses, ni d’une certaine éloquence; il juge les institutions et les mœurs de l’empire en politique, en honnête homme et en chrétien : il a eu le courage, devenu rare, de réserver dans son histoire une grande place à la primitive église, donnant ainsi une idée plus com-

  1. Il faut lire Marc-Aurèle dans la traduction de M. Pierron, qui est plus exacte, plus virile, plus vraie que celle de Dacier.
  2. Il y a peu de jours encore, à une soirée littéraire de la Sorbonne, notre collaborateur M. Boissier faisait une excellente et spirituelle leçon sur la correspondance de Marc-Aurèle et de Fronton.