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nommés pour examiner son projet le déclarèrent inexécutable. Ce verdict enleva à Martin Planta la gloire d’avoir appliqué les idées de Papin et résolu le plus grand problème de la mécanique moderne. Je passe des noms inconnus au dehors, mais vénérés dans leur patrie, gloires modestes qui fleurissent loin du monde comme les fleurs des sommets alpins ; mais je dois remercier M. de Planta d’avoir nommé celui qui fut mon maître, Laurent Biett de Scanfs, médecin de l’hôpital Saint-Louis, où il contribua puissamment à la connaissance et à la thérapeutique des maladies de la peau. Mort jeune encore en 1840 à Paris, ce médecin a laissé parmi ses élèves, ses amis et ses cliens des souvenirs qui lui survivront longtemps.

Ce discours du président inaugurait la session. Après lui, le professeur Studer, de Berne, fit un rapport sur les travaux de la commission chargée de la carte géologique de la Suisse. Déjà le public scientifique possède une excellente carte de ce pays, due à MM. Studer et Escher de la Linth ; mais la petitesse de l’échelle sur laquelle elle a été faite ne permettait pas d’y marquer les subdivisions des principaux terrains. Le gouvernement fédéral a donc voté des fonds pour la confection d’une carte à l’échelle de 1/100,000e. C’est l’échelle des admirables feuilles qui se publient sous la direction du général Dufour. Grâce à l’appui du gouvernement fédéral et au zèle des nombreux géologues répandus à la surface de la Suisse, ce pays sera doté à peu de frais d’une excellente carte également utile aux géologues et aux voyageurs intelligens et curieux qui visitent annuellement ce beau pays.

À son tour, M. Mousson, professeur de physique à l’université de Zurich, vint rendre compte des résultats obtenus par la commission météorologique instituée pour couvrir la Suisse d’un réseau d’observatoires où l’on note chaque jour la température et l’humidité de l’air, la pression atmosphérique, la direction du vent et la quantité de pluie ou de neige tombée. Nul pays mieux que la Suisse ne se prête à des observations de ce genre. Embrassant tout le massif central des Alpes, elle participe, dans le canton du Tessin, aux climats les plus doux du nord de l’Italie, et par ses cantons septentrionaux à celui de l’Allemagne méridionale. À l’ouest, elle confine à la Franche-Comté, à l’est aux montagnes du Tyrol, et le climat de Genève, située sur le Rhône, a des traits communs avec celui du midi de la France. Un plus grand avantage, pour lequel aucun pays ne peut rivaliser avec elle, c’est que la Suisse renferme les plus hautes montagnes de l’Europe, et possède, grâce au zèle de ses habitans, les stations météorologiques les plus élevées de notre continent. Le nombre total des stations est de quatre-vingt-huit, parmi lesquelles on en compte quatre comprises entre 1,800 et 2,000 mètres au-dessus