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de la mer, quatre entre 2,000 et 2,200, deux entre 2,200 et 2,400, et une à 2,474 : c’est celle de l’hospice du Saint-Bernard. Quelques-unes de ces stations sont de premier ordre : ce sont les observatoires de Berne, Genève, Neuchâtel et Zurich ; les autres sont desservies par des hommes de bonne volonté qui n’auront d’autre récompense que le sentiment d’être utiles à la science et à leur pays. Il est curieux de voir quel contingent les différentes classes de la société ont fourni à cette utile phalange de volontaires qui s’astreignent à observer trois fois par jour les instrumens qui leur sont confiés. Il y a d’abord parmi ces météorologistes bénévoles seize curés ou pasteurs, treize professeurs, treize régens, six médecins, cinq pharmaciens, dix aubergistes et seize personnes de professions diverses ; il y a aussi cinq couvens et quatre observatoires qui leur prêtent leur concours. Ajoutons, pour l’instruction des pays qui ne possèdent pas de réseau météorologique, que 26,206 fr. ont suffi à toutes les dépenses d’installation des quatre-vingt-huit stations.

Le professeur Vogt prit ensuite la parole pour exposer les résultats de ses recherches sur l’homme, son rang dans la création et son rôle dans l’histoire de la terre. Des crânes humains ont été trouvés dans des cavernes mêlés avec des ossemens d’espèces d’éléphans (elephas primigenius), de rhinocéros (rhinocéros tichorhinus) et d’ours (ursus spelœus) qui n’existent plus actuellement. Deux de ces crânes sont particulièrement célèbres : celui exhumé dans une caverne près de Liège par Schmerling et celui du Neander-Thal. La petitesse, l’allongement de ces crânes, l’étroitesse du front, le développement des arcades sourcilières, indiquent une race très inférieure, comme celles de l’Australie, continent dont la création est antérieure à celle de l’Asie et par conséquent de l’Europe. En Australie, tous les êtres organisés, animaux et végétaux, appartiennent à des types dégradés ; il en est de même pour l’homme. Le sauvage de la Nouvelle-Hollande est inférieur, sous tous les rapports, à toutes les autres races, et sa capacité crânienne est la plus petite connue. Les crânes trouvés dans plusieurs localités avec des silex et des haches taillés dénotent également des races peu développées. Ainsi donc, avant l’avènement des civilisations phénicienne, grecque ou étrusque, dont quelques lueurs éclairaient les parties méridionales du continent, la population autochthone de l’Europe centrale se composait de races diverses, mais inférieures sous le point de vue cérébral aux populations actuelles. L’espèce humaine est donc perfectible, et avec Darwin, Huxley et beaucoup d’anthropologistes modernes le professeur Vogt se demande si cet être modifiable et perfectible ne proviendrait pas originairement d’un type inférieur dont les singes anthropomorphes, l’orang, le chimpanzé