Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 50.djvu/934

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rière, mais elle a même besoin de perfectionner les opérations simples et primitives que demandent les produits naturels qu’elle exporte. Quand l’Italien a donné à la terre les soins nécessaires pour en obtenir le produit, il semble que tout soit terminé, et il néglige trop de donner à son travail la dernière main. La culture du riz, fort importante dans la Haute-Italie, offre un exemple de ce défaut. Ce n’est que par des combinaisons ingénieuses et un peu factices qu’on a pu faire prospérer presque au pied des Alpes cette culture des pays chauds; il faut de grands soins pour laisser l’eau trop froide des torrens se réchauffer dans des réservoirs artificiels, pour empêcher les infiltrations de cette eau attiédie et bienfaisante, pour en tirer tout le parti possible en la promenant, suivant les besoins, d’une rizière à l’autre. Quand par ces opérations l’Italien a obtenu un riz d’excellente qualité, il néglige ou il ignore les moyens de le monder, et il laisse ainsi sa marchandise se présenter dans de mauvaises conditions sur les marchés étrangers. Une remarque analogue peut se faire au sujet des soufres naturels de Sicile, contre lesquels luttent avec avantage les soufres fabriqués à Marseille au moyen des pyrites de fer. Beaucoup d’autres faits de ce genre pourraient être cités pour montrer que des perfectionnemens, souvent faciles, dans la production intérieure donneraient au commerce italien un rapide développement.

Ce commerce compte de glorieux ancêtres, si l’on veut remonter jusqu’aux temps où les pavillons de Gênes et de Venise sillonnaient victorieusement la Méditerranée et s’aventuraient dans les parages inexplorés des deux mondes. Il est vrai qu’il est bien déchu de son ancienne splendeur et qu’il a dormi d’un long sommeil. On remarquera cependant que l’Italie compte parmi les premières puissances qui sont entrées dans les voies de la liberté commerciale : dès 1851, M. de Cavour, qui personnifiait alors l’Italie nouvelle, commençait avec les diverses nations une série de traités de commerce dont les stipulations libérales étaient faites pour plaire aux économistes. Les traités, conclus d’abord au nom du Piémont, se sont trouvés naturellement étendus à toute la péninsule, quand le royaume d’Italie a été reconnu par les diverses puissances. Il en est sans doute résulté une crise pour le commerce du nouveau royaume. Si l’on excepte la Toscane, où les théories de liberté commerciale étaient déjà appliquées, les taxes d’entrée ou de sortie des marchandises se sont trouvées brusquement abaissées dans une proportion considérable, souvent des quatre cinquièmes. Cette mesure coïncidait d’ailleurs avec la suppression de toutes les douanes intérieures. Le malaise passager qui a pu en résulter dans quelques endroits s’est perdu dans le tumulte des événemens, et l’Italie se trouve