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l’étranger. Chaque territoire d’ailleurs, par suite de la division de la péninsule, était obligé de se plier à des cultures auxquelles il n’était pas propre. Aussi pouvait-on constater des résultats peu satisfaisans. La moitié environ du territoire cultivé était affectée à la production des céréales : c’est là une très forte proportion[1] ; cependant la récolte générale, comparée au chiffre de la population, ne donnait guère que 3 hectolitres par bouche. La récolte d’une année moyenne ne suffisait pas à la nourriture du pays; les meilleures ne surpassaient guère que de deux mois les besoins de la consommation. C’est encore là à peu près la situation de l’Italie; mais une répartition plus intelligente des cultures s’opère peu à peu depuis que les taxes intérieures ont disparu aux frontières des anciens états. En même temps se répandent l’habitude du drainage, l’étude de la chimie agricole, l’application de la vapeur aux travaux des champs. La statistique constate qu’un sixième de la superficie du sol est inculte. Il est vrai qu’il faut comprendre dans ce lot les Apennins, les Alpes, les lagunes, les sables; mais il n’est pas douteux qu’une notable partie de ce terrain ne puisse être restituée à la culture. Plusieurs sociétés privées se sont fondées à cet effet dans ces derniers temps. Des travaux sont entrepris dans les maremmes de la Toscane. Un particulier, le prince Torlonia, poursuit la dessiccation du lac Fucin, dans les Abruzzes, et s’il réussit, comme tout le fait croire, il aura conquis 16,000 hectares de très bon terrain d’alluvion. L’Italie a peu de prés et partant peu de bétail; surtout les races de ce bétail, dont quelques-unes étaient autrefois célèbres, comme les bœufs de l’Emilie, les races toscanes des maremmes, semblaient s’être abâtardies pour avoir été isolées ou confinées dans des espaces trop restreints. Des essais de croisement entre les races indigènes sont depuis quelques années poursuivis avec succès. Les provinces du midi renferment de nombreux troupeaux de jumens; on y amène des étalons hongrois et anglais.

L’industrie de l’Italie, l’industrie manufacturière particulièrement, est tout à fait à sa naissance. Aussi, dans le commerce avec l’étranger, les exportations ne consistent guère qu’en produits naturels, soit tout à fait bruts, soit du moins fort peu travaillés. On y voit figurer comme articles principaux les soies et chanvres grèges du Piémont et de la Lombardie, les riz des provinces voisines du Pô, les pailles de Florence, les bois de construction des Alpes et des Apennins, les huiles de Naples, les fruits, les vins, le soufre, le sumac, la garance, le borax des provinces napolitaines et siciliennes. Non-seulement l’Italie a besoin de se créer une industrie manufactu-

  1. Cette proportion n’est que du tiers en France.