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aucun rôle. En forçant l’axe du gyroscope à rester dans le plan méridien, on obtient un résultat non moins remarquable : on le voit se diriger parallèlement à l’axe du monde, et il donne la latitude approchée du lieu indépendamment de toute observation astronomique.

À ces curieux phénomènes qu’il a expliqués et prévus, M. Foucault en adjoint un grand nombre d’autres dont il serait malaisé de faire ici l’énumération et qui font de son instrument le moyen le plus élégant et le plus net d’étudier la rotation des corps ; les lois suivant lesquelles les phénomènes se composent sont rendues visibles en quelque sorte, et l’autorité infaillible de l’expérience confirme, quelquefois même à l’avance, les déductions très assurées, mais souvent très cachées, de la géométrie la plus profonde.


II.

Tout en continuant ses travaux sur la rotation, M. Foucault poursuivait de belles recherches de physique entreprises depuis longtemps. Je ne veux parler ici que de ses inventions mécaniques ; mais toutes les parties de la science sont étroitement unies : les vérités se prêtent une clarté mutuelle, et la connaissance profonde d’une théorie augmente sur tous les autres points la puissance et les ressources d’un esprit ingénieux.

M. Foucault avait appliqué son génie inventif à la construction des miroirs. Les lunettes dans lesquelles la lumière des astres est transmise à l’œil par réfraction étaient préférées depuis longtemps aux télescopes dans lesquels elle est réfléchie. La construction des miroirs présentait en effet de grandes difficultés : les moindres inégalités ont sur la netteté de l’image une influence bien plus grande que celle d’une incorrection semblable dans la construction de l’objectif de la lunette. La substitution du verre au métal dans la construction des lunettes a été un véritable événement, dont l’initiative appartient en grande partie à M. Foucault. Il a montré l’étonnante efficacité des retouches locales pour perfectionner indéfiniment, sans les recommencer, les surfaces de verre, qui ensuite, argentées chimiquement, fonctionnent à la manière des plus beaux miroirs et donnent à leur foyer d’excellentes images. Pour l’exploration du ciel, un télescope ainsi constitué peut lutter avec une lunette achromatique de même diamètre et coûte environ six fois moins. La matière du miroir est en verre commun, tandis que les cristaux de haut prix doivent former les élémens de l’objectif achromatique ; le miroir, en outre, n’a qu’une surface et l’objectif en a quatre ; la distance focale de la lunette étant enfin trois ou quatre fois plus grande que celle