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que le commissariat des troupes était dans un véritable chaos, et que les chirurgiens militaires n’avaient pas encore l’habitude des camps, divers agens de la commission durent plus d’une fois se charger presque exclusivement de la direction médicale. Depuis cette époque, le service sanitaire de l’armée américaine a été complètement réorganisé par les soins de M. Hammond, jeune homme de l’intelligence la plus claire et de la plus grande énergie, que le président Lincoln a nommé chirurgien-général sur les instances de la commission naguère méprisée. Le commissariat des hôpitaux a été perfectionné d’une manière étonnante, et, si l’on en croit les rapports officiels, il ne serait inférieur à celui d’aucune autre armée. Les approvisionnemens de toute espèce sont distribués aux malades avec une profusion qui touche à la prodigalité, le personnel est nombreux et composé d’hommes habiles; mais souvent les hasards de la guerre, une surprise de l’ennemi, une retraite soudaine, une bataille perdue, ont privé les chirurgiens des ressources sur lesquelles ils comptaient, et les agens de la commission sanitaire ont dû leur venir généreusement en aide. Lors de la grande expédition tentée par Mac-Clellan contre Richmond, des milliers de malades et de blessés apportés des forêts marécageuses et des champs de bataille du Chickahominy reçurent les premiers soins sur les hôpitaux flottans que la commission avait expédiés à la rivière de York. Après le sanglant échec de Fredericksburg, la plupart des soldats blessés à l’assaut des hauteurs furent également recueillis et traités par les chirurgiens civils envoyés de Washington. A Sharpsburg, les fourgons et les ambulances du gouvernement n’arrivèrent sur le théâtre du combat que trois jours après la lutte, et pendant ces trois jours les quarante médecins envoyés par la commission eurent à panser plus de 8,000 blessés. A Gettysburg, ces agens dévoués firent avancer leurs pharmacies ambulantes jusque sous le feu de l’ennemi, afin de pouvoir secourir immédiatement tous les soldats qu’ils voyaient tomber, et plusieurs d’entre eux furent faits prisonniers sur le champ de bataille : pendant ce terrible conflit, plus de l4,000 hommes, dont 7,000 confédérés, furent soignés par les médecins de la commission. Durant le cours de la guerre, il ne s’est pas accompli un seul événement militaire de quelque importance qui ne leur ait procuré le privilège de rendre à l’armée de notables services. Récemment, lorsque les troupes de Rosecrans eurent été rejetées dans les murs de Chattanooga et privées de presque tous leurs moyens de communication avec le nord, les inspecteurs sanitaires réussirent à sauver des fourrageurs ennemis la plupart de leurs convois, et réorganisèrent complètement le service des hôpitaux. Vers la fin de 1863, quand la disette se fit sentir à Richmond et que les prisonniers fédéraux com-