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port. Ces coupes rapportaient environ 5,000 francs par an au trésor, et comme l’administration forestière lui en coûtait 58,000, il se trouvait de ce chef en déficit de 53,000 francs.

En même temps qu’on commençait en 1854 la construction des routes, on procédait activement à l’aménagement des principales forêts, c’est-à-dire à cette opération qui consiste à en déterminer exactement le rendement annuel, et qui permet d’en tirer tous les produits possibles sans anticiper sur l’avenir. Dès 1860, on avait aménagé quinze forêts domaniales, dont la production était évaluée ainsi : 14,500 mètres cubes de bois de service, 16,000 stères de bois propres à la carbonisation, et 15,000 stères de bois sans valeur. Les adjudications s’élevèrent cette année-là à 75,660 francs pour les forêts de l’état, et à 28,300 francs pour celles des communes. Depuis le progrès a été continu, et en 1863 les coupes ont été vendues 254,219 francs dans les premières, et 90,100 francs dans les secondes. A mesure que le réseau de routes se développera et mettra un plus grand nombre de bassins forestiers en communication avec la mer, les exploitations s’étendront de leur côté et donneront des bénéfices de plus en plus considérables; il n’est pas douteux qu’avant quelques années elles ne puissent fournir un revenu annuel d’un million. Dans ces exploitations, on n’utilise encore que les plus laricios et les plus maritimes, qu’on débite sur place en planches et en pièces de charpente; les autres essences, on les convertit en charbon quand elles sont propres à cet usage, et on laisse pourrir sur le sol les branchages et autres bois dont la valeur ne couvrirait pas les frais de transport. Ceux-ci en effet sont très considérables, même pour les forêts situées dans les meilleures conditions, et ne laissent après tout qu’un bénéfice assez médiocre aux adjudicataires. Ainsi, bien que la forêt de Vizzavone ne soit qu’à 40 kilomètres d’Ajaccio et qu’elle soit traversée par une route impériale, le transport à cette ville d’un mètre cube équarri de pin laricio ne coûte pas moins de 22 francs ; les frais d’exploitation et le prix d’adjudication étant de 20 francs, c’est une somme de 42 francs qu’il en coûte au marchand pour chaque mètre cube amené sur le marché. Le prix courant de celui-ci étant de 45 francs, il ne lui reste que 3 francs de bénéfice, y compris les intérêts des capitaux engagés. Il est évident que le simple bois de feu ne pourrait supporter de pareils frais; aussi le laisse-t-on sur place quand on ne peut le carboniser.

Pour encourager les adjudicataires et leur permettre de faire face aux dépenses de premier établissement, qui absorbent toujours une bonne partie des bénéfices, l’administration consent quelquefois à vendre les coupes d’une même forêt pour une période de quatre