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l’Union des paix séparées. Par une contradiction étrange, ils dénoncent comme des trahisons ces projets de paix séparées. On dirait qu’ils ont oublié que la révolte du sud s’est appuyée sur le principe absolu et essentiellement dissolvant des states rights, c’est-à-dire de la souveraineté des états. Si la Géorgie, si la Caroline du nord entrent en arrangemens particuliers avec le gouvernement de l’Union, elles ne feront, pour sortir de la confédération, qu’appliquer le principe des states rights au nom duquel elles y étaient entrées. Quoi de plus naturel que de voir la doctrine anarchique et antipatriotique qui a formé la confédération se retourner contre elle-même pour la dissoudre ? e. forcade.


Le caractère le plus manifeste et le plus grand malheur de la politique de l’Espagne depuis quelques années, c’est la confusion, — confusion d’idées et de conduite, confusion dans les partis et dans le gouvernement, confusion dans le maniement des intérêts extérieurs aussi bien que dans la direction des affaires intérieures. C’est là le vice secret de tous ces ministères qui se sont succédé sous la présidence du général O’Donnell, du marquis de Miraflorès, de M. Arrazola, de M. Mon, et qui avec des apparences différentes, en cherchant à se distinguer par des nuances, ont eu à peu près la même origine, ont mené la même existence, pour aboutir plus ou moins à la même fin par impuissance. En réalité, l’Espagne était arrivée à une impasse véritable. Ce n’est point certes dans la politique extérieure qu’elle a brillé depuis quelques années par son esprit d’initiative et par la netteté de ses résolutions. Nation libérale et constitutionnelle, elle en était, il y a peu de temps encore, à entretenir un ambassadeur auprès du roi François II, à combiner des démarches avec l’Autriche, et elle en est toujours à reconnaître l’Italie. Engagée dans l’affaire du Mexique, elle en est sortie sans savoir comment, battant en retraite après avoir devancé tout le monde, froissée de la brusque abdication que lui imposait son plénipotentiaire et n’osant désavouer le général Prim, mécontente d’elle-même et de la France. Elle s’est laissé séduire par l’idée d’une conquête pacifique en allant de nouveau planter son drapeau à Saint-Domingue, et le lendemain elle s’est vue en face d’une insurrection qui la contraint, depuis deux ans, à envoyer régimens sur régimens, lesquels vont périr sans profit et sans gloire, décimés par les maladies. Elle a été plus récemment entraînée dans un conflit avec le Pérou, et elle a flotté dans les mêmes incertitudes, n’osant ni sanctionner les décisions de ses agens, ce qui était une marque de sagesse, ni les désavouer ouvertement, ce qui eût été trancher de haut et sur-le-champ une question grosse d’embarras. À l’intérieur, la politique espagnole n’était pas plus brillante. Partis et gouvernement avaient si bien fait en quelques années que tout allait à l’aventure, que les progressistes s’étaient retirés complètement de la vie politique, que, dans les derniers momens du ministère de M. Mon, le gouvernement