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dirigeant les intérêts généraux de la police et de la navigation, les commissaires du nord (Northern Commissioners) et le Ballast Board (conseil du lest) le sont à l’Écosse et à l’Irlande. Ces trois sociétés ont été placées en 1853 sous le contrôle du Board of trade (conseil du commerce), dont le siège est à Londres dans les bâtimens de la trésorerie. Ce dernier est bien une branche du gouvernement, un comité du conseil privé (Privy council), ayant à sa tête un président, un vice-président et deux secrétaires. Ses attributions sont assez étendues. Les différens projets de loi relatifs aux intérêts du commerce, les traités et les négociations qui concernent l’industrie, les changemens dans l’économie et la balance des douanes sont généralement étudiés dans ses bureaux. Les eaux et forêts tombent aussi sous sa juridiction. Il est aisé de saisir l’intention de l’autorité en rattachant les trois grandes corporations maritimes du royaume au Board of trade : on a voulu frapper leurs opérations d’un cachet d’unité. Qu’on n’aille pourtant point au-delà des vœux du gouvernement anglais, et surtout qu’on n’applique point au jeu des institutions britanniques nos idées françaises ! Chez nous, un pouvoir central est par le fait un pouvoir absorbant ; il dirige, il réglemente, il ordonne, il prend à la liberté individuelle tout ce qu’il peut lui enlever sans se mettre en contradiction trop flagrante avec la loi. Tel n’est point du tout le caractère de l’intervention de l’état chez nos voisins. Le conseil du commerce n’exerce une sanction sur les affaires de Trinity House qu’en matière d’argent. C’est pourtant beaucoup que de tenir en main les cordons de la bourse, et grâce aux questions de finances le Board of trade exerce une influence directe sur l’administration de cette société. En veut-on un exemple ? Avant 1854, s’agissait-il de construire un phare dans quelque localité voisine de la mer, les commerçans et les armateurs intéressés au succès de l’entreprise rédigeaient des pétitions, priant Trinity House d’éclairer tel ou tel point dangereux des côtes. Ils s’engageaient en même temps à payer un droit raisonnable à la compagnie pour l’indemniser de ses frais. Si l’utilité de cette création lui était démontrée, la corporation s’adressait alors à la couronne pour obtenir un brevet revêtu du sceau royal et l’autorisant à lever les taxes convenues sur le passage des navires. Aujourd’hui le conseil du commerce, avant de permettre aux fonds de la société de s’aventurer dans la construction d’un phare, examinerait peut-être par lui-même si cette mesure répond bien à un besoin. Quoi qu’il en soit, cette surveillance de l’état a rendu plus vraie l’ancienne devise de la compagnie : trinitas in unitate.

Parmi les divers procédés qui concourent à l’éclairage des mers britanniques, il en est un qui appartient bien à l’Angleterre, et au-