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ÉTUDES PHYSIOLOGIQUES
SUR QUELQUES
POISONS AMÉRICAINS



I.
LE CURARE.


I.

Les poisons peuvent être employés comme agens de destruction de la vie ou comme moyens de guérison des maladies ; mais, outre ces deux usages bien connus de tout le monde, il en est un troisième qui intéresse particulièrement le physiologiste. Pour lui, le poison devient un instrument qui dissocie et analyse les phénomènes les plus délicats de la machine vivante, et, en étudiant attentivement le mécanisme de la mort dans les divers empoisonnemens, il s’instruit par voie indirecte sur le mécanisme physiologique de la vie. Telle est la manière dont j’ai envisagé depuis longtemps l’action des substances toxiques[1], et suivant laquelle je voudrais considérer ici les effets singuliers produits par quelques poisons américains encore peu connus. Je commencerai ces études physiologiques par l’histoire du curare, le premier de ces poisons qu’il m’a été donné de soumettre à des investigations expérimentales.

  1. Voyez mes Leçons sur les effets des substances toxiques et médicamenteuses, J.-B. Baillière et fils, 1856.