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LE
LITTORAL DE LA FRANCE

IV.
LES LANDES DE BORN ET DU MARENSIN.

Entre le bassin d’Arcachon et la bouche de l’Adour s’étend une zone de landes presque déserte, où le voyageur s’aventure bien rarement. Un chemin de fer, destiné à devenir une des grandes voies du monde, traverse la zone orientale de cette contrée : les locomotives et les chars l’emplissent plusieurs fois par jour de leur grondement ; mais, par le contraste, la terre inhabitée que vient d’ébranler le passage du convoi semble d’autant plus morne et désolée. Parmi les centaines de personnes que chaque train emporte, soit à Bordeaux, la gaie capitale de l’Aquitaine, soit vers les beaux promontoires de Biarritz et de Saint-Jean-de-Luz, ou bien vers les gorges ombreuses des Pyrénées, il en est peu qui daignent, pendant les quelques ; heures de leur trajet rapide, regarder avec attention les forêts sombres, les landes grisâtres qui s’enfuient de chaque côté de la route, et la ligne à peine visible des dunes qui se déplace lentement à l’horizon. La vue de l’espace, se déroulant en plaines uniformes vers l’Océan, obsède et fatigue leurs yeux. Entraînés par la vapeur, la plupart des passagers ne font qu’entrevoir la contrée parcourue, et le souvenir qu’ils en gardent appartient plutôt au domaine du rêve qu’à celui de la réalité. Quant aux amans de la nature capables d’apprécier la beauté des dunes, des étangs et des forêts, ils sont retenus sur les limites des landes maritimes par le manque de chemins et de moyens de transport, par la crainte de ne