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relâche à se créer des rivages très-faiblement infléchis, a graduellement séparé de son sein toutes ces baies landaises qui pénétraient au loin dans l’intérieur des terres. Au moyen de ses vagues, que poussent le vent de nord-ouest et le courant littoral longeant la côte du nord au sud, il a peu à peu élevé une digue de sable à l’entrée de ces nappes d’eau. Ainsi les anciennes baies marines du pays de Born, graduellement exhaussées par le progrès des sables et changées en étangs d’eau douce par les eaux de source et de pluie, ont dû déverser le surplus de leurs eaux dans un canal de dégorgement détourné vers le sud. Ce déversoir, appelé courant, ne roule en moyenne qu’une faible quantité d’eau, et les voyageurs peuvent facilement le traverser à gué ; mais non loin de la mer il prend l’apparence d’un véritable fleuve, puis, gonflé par la marée, il se transforme en estuaire, et s’épand en vastes nappes sur une plaine couverte des rouges alluvions de l’alios : c’est par ce courant que s’écoulent les eaux intérieures des pays de Born et de Mimizan. Avant qu’il n’existât entre l’étang de Cazaux et le bassin d’Arcachon un canal à écluses alimenté en grande partie par des sources de fond, un petit ruisseau dont on suit encore le lit, et que l’on connaît sous le nom de Grande-Craste, sortait de l’étang de Cazaux à l’époque des fortes pluies, et coulait vers le port de La l’este. L’étang de Cazaux présentait alors un phénomène hydrographique assez rare ; il épanchait le trop-plein de ses eaux par deux canaux de dégorgement opposés, se dirigeant l’un au nord, l’autre au midi. Les chaînes de dunes qui se prolongent du courant de Mimizan à la pointe d’Arcachon formaient une grande île entre la mer et les étangs.

Le Marensin, qu’une étymologie douteuse fait dériver des mots maris sinus (golfe marin), offre, comme les pays de Born et de Buch, des étangs considérables. Ces réservoirs lacustres, que les dunes ont graduellement séparés de la mer pendant le cours des siècles, s’y déversent par des courans semblables à celui de Mimizan ; mais il est à remarquer que les étangs de cette partie méridionale des landes sont moins vastes que ceux du nord, et que les déversoirs sont plus rapprochés les uns des autres. Les rangées de dunes qui bordent la mer sont aussi moins hautes et plus étroites : en se prolongeant vers le sud, les traits géologiques distinguant le rivage landais s’atténuent par degrés. Plus lentement accumulés par les vagues, les talus de sable offrent une barrière moins forte aux eaux du plateau des landes ; ils sont percés sur trois points différens, à Contis, au Vieux-Boucan, à Cap-Breton, et par suite le dessèchement naturel des étangs s’opère d’une manière plus facile. En outre la côte du Marensin est beaucoup plus stable que celle du littoral de Born, de Buch et du Médoc. La tradition et les divers