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documens du moyen âge prouvent que depuis le commencement de l’ère historique les vagues de la mer de Gascogne et les dunes qui les précèdent n’ont point empiété sur les plages méridionales des landes. Il faut remonter le long de la côte jusqu’à l’ouest de l’étang de Léon, à 45 kilomètres au nord de la bouche de l’Adour, avant de marcher sur les sables recouvrant un village englouti : il ne reste plus aujourd’hui que deux maisons de cette ancienne commune, jadis connue sous le nom de Saint-Girons-de-l’Est. On dirait que sur tout son vaste développement, de près de 2 degrés de latitude, le littoral landais s’incline en prenant les rochers de Biarritz pour charnière et point d’appui. En conséquence l’empiétement des eaux et des dunes, à peine appréciable vers le sud, produit des modifications de plus en plus marquées à mesure que la côte s’éloigne de la base des Pyrénées.

Parmi les localités que les eaux et les sables ont forcées à se déplacer plusieurs fois dans la direction de l’est, une des plus célèbres, sinon la plus célèbre de toutes, est le bourg de Mimizan. Il n’est pas un savant qui n’ait, en parlant des dunes de Gascogne, cité les observations de Thore et de Brémontier sur la rapidité des sables qui marchaient à l’assaut de ce village des landes. Le vieux port, situé près de l’embouchure actuelle de l’étang, a été graduellement comblé par les sables, ainsi que le prouvent les carcasses de navires découvertes à la suite d’une tempête il y a une soixantaine d’années. D’après le témoignage unanime des habitans du pays, l’ancien Mimizan, qui existait déjà au commencement de l’ère présente, reposerait sous la dune d’Udos, belle colline boisée à laquelle un majestueux isolement, l’inclinaison régulière des pentes et une double cime conique donnent l’aspect remarquable d’un volcan. Reconstruit à plus d’un kilomètre à l’est, Mimizan resta longtemps à l’abri des sables, grâce au fleuve ou courant qui coule au nord-ouest du village, et qui arrêtait ainsi la marche des sables. Toutefois une dune semi-circulaire ; peu élevée, finit par se former dans la lette ou plaine basse qui entourait Mimizan et s’avança vers le village. Plusieurs maisons disparurent, et le talus oriental de la dune, s’élevant peu à peu contre le chevet de l’église, menaça d’ensevelir l’édifice. Pour arrêter la colline mouvante, il fallut au plus tôt recourir aux semis de pins, le grand préservatif popularisé par Brémontier. Aujourd’hui les sables sont fixés ; mais qu’on abatte les arbres, et l’enceinte de la dune, semblable aux parois d’un cratère prêt à dévorer le bourg, se rétrécira graduellement autour de l’église et du groupe des maisons. Dans l’espace de quelques années, le nouveau Mimizan serait englouti comme l’ancien village qui dort sous le monticule d’Udos.

Quelles que soient les modifications apportées par les vagues et