Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 53.djvu/348

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auxiliaire prussien, c’était de se procurer une copie de la convention, et c’est ce qu’enjoignit effectivement lord Russell à son ambassadeur à Berlin dès le 18 février : il en fit même la demande formelle à M. de Bismark dans sa note du 2 mars ; mais alors se joua un petit acte de haute comédie, où celui qui prit sur lui le rôle de dupe ne fut pas pour cela le moins avisé et le moins initié au dénoûment de la pièce. M. de Bismark répond d’abord à l’ambassadeur anglais (21 février) « qu’il lui communiquera cette convention aussitôt qu’il recevra le consentement de la Russie pour la rendre publique, » et entre dans quelques détails « vagues » sur les points stipules par le traité. Avide d’informations, sir A. Buchanan s’adresse à M. de Thile, sous-secrétaire d’état aux affaires étrangères. « M. de Thile prétend que la convention se rapporte exclusivement à l’action des autorités militaires sur les frontières. Et, comme je lui dis que M. de Bismark m’avait parlé de la possibilité pour la Prusse de prendre des mesures actives dans l’intérieur du royaume pour la répression de l’insurrection, il me répondit qu’il ne pouvait dire quelles étaient les intentions de M. de Bismark, et s’il songeait à conclure une autre convention avec la Russie, mais qu’il pouvait me donner l’assurance que la convention récemment signée ne contenait aucune stipulation pour une pareille éventualité… » Le 27 février, l’ambassadeur anglais (dépêche de la même date) revint à la charge auprès de M. de Bismark pour obtenir la communication du traité ; mais le ministre lui répondit « qu’il ne pouvait la faire sans le consentement de M. d’Oubril (envoyé de la Russie). » Et à cet endroit il n’est pas inutile de rapporter ce que lord Napier avait mandé une semaine auparavant (dépêche du 21 février) concernant le prince Gortchakov. « Le vice-chancelier n’a pas offert de me montrer la convention ; mais il m’a dit que l’empereur désirait qu’elle fût publiée, et si cela n’a pas été fait, c’est à cause des objections élevées d’un autre côté… » En attendant cette permission de M. d’Oubril, le ministre prussien déclarait cependant vouloir donner à l’ambassadeur anglais lecture des diverses stipulations du traité, « et M. de Bismark me lut, écrit piteusement sir A. Buchanan, sur un texte allemand qu’il traduisait en français, ce qu’il me présentait comme le contenu de la convention ; il me dit qu’elle était rédigée d’une manière informe, non divisée en articles… » Enfin, sur les instances réitérées et sur la demande formelle de lord Russell dans sa note du 2 mars, M. de Bismark déclare à sir A. Buchanan (dépêche du 7 mars) « que pour le satisfaire tout à fait, il lui lirait la convention même. » — « Il me l’a présentée alors et lue ; autant que je puis juger d’un document que je n’ai pas tenu réellement entre les mains, je crois qu’il ne contient pas d’autres stipulations que