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pas d’en admettre de profanes auprès de leurs rituels, et qui excellèrent de bonne heure dans l’art d’acquérir et de conserver. Les plus anciens manuscrits nous viennent des bibliothèques capitulaires, où ils étaient pour ainsi dire consacrés à l’égal du trésor des églises. Les premières écoles publiques furent aussi les écoles instituées près des chapitres. À Paris, on voit celles du parvis de Notre-Dame s’étendre insensiblement jusque sur le Petit-Pont, et de là gagner de proche en proche la montagne où s’est formé le quartier latin. Du même chapitre relevèrent les petites écoles de la ville et des faubourgs, et il donna jusqu’à la fin un chancelier à l’université. C’est un de ses chanoines, l’abbé Legendre, qui, par un legs accepté en 1746, a fondé le concours général entre les collèges de Paris.

Le concile général ouvert à Vienne le 16 octobre 1311 rendit un décret sur l’enseignement des langues orientales. Il avait été décidé que dans toute ville où résiderait la cour pontificale et dans les universités de Paris, d’Oxford, de Bologne et de Salamanque, il y aurait des chaires pour l’hébreu, l’arabe et le chaldéen, avec deux maîtres pour chaque langue ; mais cette mesure, fort sage pour la religion et fort utile pour les lettres, ne fut point exécutée. Renouvelée presque aussi vainement par le concile de Bâle en 1434, il fallut venir jusqu’à la renaissance pour la mettre en pleine vigueur et pour fonder dans l’Occident l’étude des langues orientales, qui est devenue si importante de notre temps. C’est ce concile de Vienne qui ordonna que toutes les bulles préjudiciables à l’honneur, aux droits et aux libertés du royaume de France, dans le débat entre Philippe le Bel et Boniface VIII, fussent non-seulement révoquées, mais effacées du registre pontifical. Jusqu’à présent cette radiation sur le registre avait pu paraître douteuse ; mais Tosti, le dernier historien de Boniface VIII, a eu la douleur de retrouver, de transcrire et de publier, d’après les archives secrètes de Rome, l’attestation du notaire apostolique chargé d’effacer les bulles par un évêque et un cardinal qui disent en avoir reçu l’ordre du saint-père lui-même, Clément V. L’historien ajoute : « On pleure sur la faiblesse du pape plus que sur la méchanceté du prince. »

Un sage écrivain qui connaissait bien l’histoire ecclésiastique, Fleury, a dit, en parlant des ordres religieux au XIVe siècle : « Cette sainte institution était alors en sa plus grande décadence. » Le jugement de M. Le Clerc, qui n’est pas autre, ne devra donc pas sembler sévère. Ce n’était plus le temps où les chartreux de Paris, sachant que le comte de Nevers, celui qui mourut en 1175, voulait leur donner des vases d’argent, lui faisaient entendre qu’ils aimeraient mieux du parchemin pour leurs copistes, et où Guibert de Nogent disait d’eux : « Ils sont pauvres, mais ils ont de riches