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XVIe siècle (1548), voyons-nous Cosme Ier de Médicis s’emparer de Porto-Ferrajo et le fortifier. Bientôt il passe des contrats avec les Appiani pour l’achat des minerais de fer. Ses successeurs suivirent sa politique, et les usines de l’Accesa, de Valpiana et de Cecina s’élevèrent en Toscane. Les seigneurs de Piombino avaient déjà établi à Follonica, au point où fondaient jadis les Romains, des forges importantes. Trois de ces établissemens, Follonica, Valpiana et Cecina, marchent encore aujourd’hui. L’Espagne, maîtresse du royaume de Naples, ne pouvait voir sans jalousie les Médicis installés à Porto-Ferrajo, l’une des plus belles rades de la Méditerranée. Philippe II en 1596, sous le prétexte fallacieux de protéger à l’île d’Elbe les intérêts des comtes de Piombino, dont il était parent, ne tarda point à s’emparer de Porto-Longone, qui fut bientôt entouré d’un vaste réseau de fortifications, comme l’avait été Porto-Ferrajo. Les Espagnols élevèrent aussi une tour sur la plage de Rio ; ils y mirent une garnison chargée de veiller sur les mines et de vérifier l’exportation du minerai. Cette situation dura jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. En 1800, l’île d’Elbe étant tombée au pouvoir de la France, les mines furent d’abord concédées à une société d’exploitans qui dut fournir de fer et d’acier les arsenaux de l’état. Les guerres de cette époque, le blocus continental, arrêtèrent l’essor de cette compagnie. Les gîtes furent alors donnés par Napoléon en apanage à la légion d’honneur et surveillés par un commissaire du gouvernement. En 1815, l’île et ses mines furent cédées à la Toscane, qui, depuis l’époque des Médicis, fondait à elle seule presque tout le minerai de Rio. Enfin, depuis 1859, le gouvernement italien continue l’exploitation des anciens grands-ducs. Ce fait de la propriété des mines, restée ici aux mains de l’état, a soulevé plus d’une objection. C’est principalement en vertu de l’ancien droit régalien, transmis par le code romain aux états féodaux et encore en vigueur chez quelques nations civilisées, que le gouvernement est demeuré jusqu’à ce jour propriétaire des mines de l’île d’Elbe. Cette application d’un droit disparu de tous les pays constitutionnels ne s’exerce point sans inconvénient dans la moderne Italie, quand il s’agit surtout de mines qu’on peut exploiter, comme celles-ci, à ciel ouvert, à la façon d’une carrière. Les particuliers et les communes ont réclamé plus d’une fois contre un monopole qu’ils ne supportent qu’impatiemment ; mais l’état a jusqu’ici maintenu son privilège.


III

L’exploitation des mines de l’île d’Elbe au point de vue de la géologie et de l’économie industrielle mérite toute l’attention de l’ingénieur. L’étude géologique est facile sur quatre des gîtes, à