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pas, aux points de contact des gîtes avec les roches de support, et surtout à Rio. Les schistes, roches feuilletées sur lesquelles repose le minerai, sont passés à l’état de gabbri rouges, de cornalines, de jaspes, d’ardoises, d’alunites ou pierres d’alun. Les calcaires sont devenus caverneux, dolomitiques ; un élément nouveau, la magnésie, est entré dans leur composition. Nous croyons donc que les gîtes de l’île d’Elbe sont sortis à l’état igné des profondeurs de la terre, comme de véritables roches éruptives, comme la serpentine, la diorite, l’amphibole, l’ilvaïte, que l’on retrouve dans le voisinage, et dont ils ont précédé ou suivi de très près l’éruption. Les dykes ou immenses filons ferrugineux du Campigliais, entre autres le dyke de Monte-Valerio, celui de Gavorrano, près de Follonica, celui de Massa-Marittima, tous trois également en Toscane, non loin du littoral qui regarde l’île d’Elbe, doivent être contemporains du dyke de Rio. Ils se réunissent sans doute à lui à une grande profondeur, comme à tous les autres gîtes ferrifères de l’île. D’un même centre est ainsi partie une éruption qui s’est fait jour à travers la croûte terrestre par les points de moindre résistance. Des phénomènes géologiques analogues, en relation avec les gisemens de fer, se reproduisent du reste à l’île d’Elbe et sur le continent toscan : par exemple la cuisson, la rubéfaction, l’agatisation des schistes, la transformation de ces schistes en alunites, la dolomitisation des calcaires, enfin la présence de l’amphibole et de l’ilvaïte au voisinage des dykes ferrugineux.

On rencontre sur les gîtes de l’Elbe, mais surtout à Rio et à Vigneria, des eaux minérales qui sourdent à travers le minerai. Elles déposent de l’ocre rouge sur leur parcours ; elles ont une saveur acide, styptique, rappelant celle de l’encre. À Vigneria, l’acidité est légère, et l’eau peut être bue sans danger. Elle rappelle la limonade des hôpitaux, qu’on fabrique avec quelques gouttes d’acide sulfurique (huile de vitriol). Elle rafraîchit l’estomac et entretient l’appétit, au dire des mineurs et des marins. La source de Rio est beaucoup plus acide, et ne saurait être prise comme boisson. Mêlée à l’eau douce du pays, elle y produit un trouble laiteux, qui constate à la fois la qualité franchement vitriolique de l’eau minérale et la crudité des eaux potables de l’endroit, chargées de sels calcaires.

Le minerai qu’on exploite à Rio est la variété de peroxyde de fer anhydre connue en minéralogie sous le nom de fer oligiste. Cristallisé, il contient jusqu’à 70 pour 100 de fer ; le rendement en grand du minerai, soit roche, soit terre lavée, ne dépasse pas de 60 à 65 pour 100. Après le fer oligiste, bien reconnaissable à sa cristallisation et à sa couleur d’un gris métallique sombre quand il est compacte, vient l’hématite brune ou rouge. Elle ne présente aucune trace de cristallisation, quoique la richesse en égale souvent celle du