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LA LANGUE
DU MONDE EXCENTRIQUE
EN ANGLETERRE

A Dictionary of modem Slang, Cant, and vulgar Words, by a London Antiquary. 1 vol. London, J. Camden Hotten.

Le travail naturel des sociétés sur elles-mêmes aboutit presque partout à créer au sein de l’organisation légitime, avouée, publique, résultant de codes écrits et débattus en plein soleil, un système en sous-ordre qu’une nécessité mystérieuse fait éclore et fructifier dans les ténèbres, impure et féconde végétation que le fer et le feu n’ont pu jusqu’à présent ni empêcher de naître ni extirper quand elle est née. Aucune forme de gouvernement ou de culte, aucun degré de civilisation ne préserve de cette espèce de lèpre, qui se maintient obstinément sur les corps les plus sains comme sur les plus gangrenés. le pays le mieux ordonné n’en est pas plus exempt que celui où les bouleversemens anarchiques ont fait table rase de toute règle et de toute tradition. L’opulence extrême, la misère extrême, y sont sujettes l’une comme l’autre. — Vous retrouvez des classes proscrites et honnies jusque chez les peuples qui semblent, par leur dégradation même et le niveau qu’elle établit, se dérober à cette loi fatale. Les Hottentots ont leur souquas (mendians), les Cafres leurs fingoes (voleurs), le Mexique a ses leperos, tout comme l’Angleterre a ses prigs[1], ses « clercs de Saint-Nicolas. » La

  1. Prig, du saxon priccan, dérober, est un mot de bonne race, employé par Shakspeare.