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et en quoi consiste le remède que les végétaux y appliquent. C’est la chimie qui devait répondre, et, bien qu’il n’y ait pas spécialement travaillé, c’est Lavoisier qui donna la solution de ce nouveau problème. Il la trouva le jour où il démontra que les animaux absorbent l’oxygène, brûlent lentement les matières organiques dont ils se nourrissent et rendent par l’expiration une quantité d’acide carbonique contenant tout le charbon qu’ils ont dépensé. L’air vicié ou corrompu, comme l’appelaient Priestley et Ingen-Housz, était donc de l’air privé d’oxygène et chargé d’acide carbonique, et, puisque les plantes le purifient, cela voulait dire incontestablement qu’elles décomposent cet acide carbonique, dont elles gardent le charbon et dont elles restituent l’oxygène à l’atmosphère.

Au point où en était alors la chimie, il semble que tout le monde aurait dû deviner et proclamer cette explication. Il n’en fut rien, et il fallut encore de nouvelles expériences pour la découvrir. C’était un Genevois qui avait commencé cette longue campagne, et ce fut un autre Genevois qui eut l’honneur de la terminer. Il se nommait Sennebier ; il avait été l’ami de Ch. Bonnet ; il devait à son exemple d’avoir embrassé les sciences et. à ses conseils d’étudier les relations des plantes avec l’air. Il reconnut que les végétaux mis dans l’eau bouillie ne dégagent aucun gaz au soleil, mais qu’ils développent une abondante quantité d’oxygène quand cette eau a été préalablement chargée d’acide carbonique. Il en conclut que ce gaz est nécessaire à la respiration des plantes, qu’il est décomposé par elles, et il a eu ainsi la gloire de formuler la loi préparée et découverte déjà par ses devanciers. La question pouvait à bon droit être considérée comme résolue ; mais pendant ces travaux, qui avaient duré plus d’un demi-siècle, beaucoup d’erreurs s’étaient mêlées aux vérités acquises, et des assertions contradictoires laissaient planer des doutes sur divers points de détail. Une revue de tous ces phénomènes était nécessaire ; ce fut Th. de Saussure qui s’en chargea et qui, sans ajouter aucun fait capital au faisceau des connaissances antérieures, réussit à leur donner une confirmation expérimentale qui n’a plus été contestée depuis. Après ces célèbres expériences, il y eut un long repos. Physiciens et naturalistes semblent avoir regardé la question comme étant épuisée, et ils portèrent leurs préoccupations sur des sujets qu’ils croyaient plus fertiles. Cependant les travaux plus récens de MM. Daubeny, Draper, Cloës et Gratiolet, et surtout de M. Boussingault, sont venus successivement soulever des difficultés qui demeurent encore aujourd’hui pendantes ; mais je veux laisser de côté tout ce qui n’offre pas un intérêt de théorie générale : je ne parlerai ni de l’azote, que les végétaux semblent toujours dégager en même temps que l’oxygène, ni de certains gaz délétères tels que l’oxyde de carbone et l’hydrogène carboné que M. Boussingault vient de trouver parmi les produits de leurs exhalaisons, ni enfin des essais exécutés sans beaucoup de fruit pour apprécier l’influence spéciale des divers rayons solaires. Ce que je veux montrer, c’est qu’après les premières études qui viennent d’être racontées,