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Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 53.djvu/492

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nous nous trouvons en face d’une seconde partie bien autrement vaste et compliquée qu’il faut maintenant aborder. Il faut chercher ce que devient le charbon qui reste dans les végétaux après la décomposition de l’acide carbonique.


II

Pendant que l’atmosphère fournit le charbon aux feuilles, les rameaux y amènent l’eau qui a été puisée dans le sol, et il est naturel de penser que ces deux corps, en se rencontrant, vont se combiner mutuellement ; ils se combinent en effet et dans des proportions très variables : citons quelques exemples. Si 12 molécules de charbon se réunissent avec 10 molécules d’eau, elles peuvent donner naissance soit à la cellulose, qui constitue à la fois les vaisseaux et tout le squelette de la plante, soit à la fécule, que tout le monde connaît, soit enfin à la dextrine, qui est soluble et dont on fait quelquefois des sirops ; mais, suivant les circonstances et les organes, la proportion des deux corps peut changer, et avec elle les produits chimiques qui prennent naissance. Ainsi 12 molécules de charbon combinées à 14 molécules d’eau constituent le glucose ou sucre de raisin qui remplit les grappes mûres, et si de ce glucose on retranchait deux molécules d’eau, c’est le sucre de canne ou de betterave qui se formerait. En résumé, par des procédés qui nous sont inconnus, l’eau et le charbon se rencontrant dans les feuilles s’unissent chimiquement et produisent une multitude Infinie de composés, différens suivant les lieux, les organes, la nature, l’âge et les conditions extérieures du végétal.

Outre les substances dont nous venons de parler et qui sont composées de charbon et d’eau, les plantes créent encore une autre classe de matières qui sont caractérisées par un excès d’hydrogène. Ce sont les graisses, les huiles, les cires, les baumes, les essences, etc. D’où vient cet hydrogène ? Elles façonnent également des matières où l’on voit apparaître un quatrième élément, l’azote ; vient-il de l’atmosphère ? est-il puisé dans les engrais ? Ce sont là des questions qui touchent directement l’agriculture et sur lesquelles elle est obligée de consulter la chimie. Le savant qui les a le premier et le mieux traitées est M. Boussingault, et il se trouvait dans les plus heureuses conditions pour le faire, étant à la fois placé à la tête d’une grande exploitation agricole et rompu aux exercices les plus délicats de l’analyse chimique. La méthode qu’il emploie lui est toute personnelle ; elle est assez générale et assez féconde pour pouvoir se plier aux exigences de tous les cas particuliers. Voici en quoi elle consiste. On sème dans un sol préalablement analysé un petit nombre de graines dont la composition chimique a été déterminée, et on arrose avec de l’eau pure. Celle-ci disparaît presque totalement par l’évaporation, et une faible partie seulement se fixe. La plante grandit, gagne en poids, parce qu’elle prend de la nourriture dans l’air, et aussi parce qu’elle en demande au sol. Au bout d’un