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les deux villes, au pouvoir des confédérés : la petite ville de Vicksburg, située, dans l’état du Mississipi, sur une haute falaise qui domine la rive gauche du grand fleuve, à quelques milles en aval de l’embouchure du Yazoo. Cependant les escadrilles qui remontaient le Mississipi en venant de la Nouvelle-Orléans et celles qui le descendaient en venant de Saint-Louis opéraient librement leur jonction au pied de la falaise, et quelques milliers d’hommes, prenant les ouvrages à revers, auraient amplement suffi pour les détruire. Nul doute que toutes les ressources militaires des états de l’ouest n’eussent dû être immédiatement concentrées sur ce point, afin de couper en deux la confédération rebelle et de s’emparer au plus tôt de la grande artère centrale du continent, de ce fleuve gigantesque dont la possession entraînera nécessairement tôt ou tard celle de toutes les contrées que ses affluens arrosent; mais les autorités militaires de Washington avaient eu le tort de considérer les fortifications de Vicksurg comme n’étant pas de nature à résister longtemps, et, déçues, aussi bien que les populations elles-mêmes, par une véritable illusion d’optique qui leur faisait accorder plus d’importance aux positions stratégiques les plus rapprochées, elles avaient donné toute leur attention aux sanglantes péripéties de la guerre du Potomac. Certes la conquête définitive des bords de ce petit fleuve virginien ne saurait être comparée pour la grandeur des résultats à la possession du grand Mississipi ; néanmoins c’est vers la première entreprise que le gouvernement des États-Unis dirigeait ses principaux efforts.

Pendant ce temps, les confédérés augmentaient en silence les fortifications de Vicksurg, et, s’établissant sur d’autres falaises situées plus au sud, les transformaient peu à peu en une redoutable citadelle. Enfin le général Sherman reçut l’ordre d’attaquer Vicksurg. Tandis que Grant coupait les lignes de chemins de fer dans le nord de l’état, afin d’isoler la place, Sherman remontait la rivière du Yazoo et débarquait 40,000 hommes de troupes à 10 kilomètres en arrière de Vicksurg, au pied d’une colline qui portait les ouvrages extérieurs de défense. L’attaque commença le 27 décembre. Les fédéraux franchirent sans grandes pertes le bayou marécageux qui longe le pied de la colline, puis ils escaladèrent les pentes sous le feu convergent des batteries ennemies. Après un combat acharné, ils s’emparèrent des deux premières lignes de retranchemens. Le 28, ils avaient refoulé les séparatistes à une distance de plus de 6 kilomètres et combattaient pour la possession de la crête des falaises; mais le 29 décembre la garnison, ayant été renforcée par des troupes fraîches qui avaient évité les forces du général Grant, réussit à rejeter les assaillans dans la vallée du Yazoo. Le général Sherman dut renoncer à toute espérance de succès, et le 1er janvier 1863 il cé-