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dait au général Mac-Clernand le commandement de son armée, diminuée de 2,000 hommes tués, blessés ou prisonniers. Le nouveau chef ne perdit pas un instant pour éloigner ses troupes des bords du Yazoo; mais au lieu de les ramener simplement à Memphis, ainsi qu’elles s’y attendaient, il leur fit remonter l’Arkansas et mit à l’improviste le siège devant Arkansas-Post, ancien village que des colons français ont bâti en 1685 sur une berge élevée. Cette place, qu’une petite armée texienne avait solidement fortifiée, barrait le chemin de Little-Rock, capitale de l’état, et constituait le principal boulevard de défense de tout le bassin de l’Arkansas. Aidé par la flottille de l’amiral Porter, le général Mac-Clernand réussit à investir complètement le fort, et le 11 janvier, après plusieurs heures de bombardement, il ordonna l’assaut. Au même instant, le drapeau blanc fut arboré par les assiégés sur les murailles, et la garnison, forte de 4,500 hommes, se rendit prisonnière de guerre. Par cet heureux coup de main, qui releva le moral du corps expéditionnaire, et qui coïncidait avec d’autres succès importans des généraux du nord Herron et Blunt, à Fayetteville, à Prairie-Grove, dans les Boston-Mountains et sur les bords de l’Arkansas, la moitié septentrionale de l’état du même nom tombait au pouvoir des unionistes.

Dans le Tennessee central, les opérations militaires du général Rosecrans furent également couronnées de succès, et compensèrent en partie, dans l’opinion publique, le fâcheux effet produit par les deux échecs de Fredericksburg et de Vicksburg. Après la bataille de Perryville, l’armée confédérée commandée par le général Bragg: avait pénétré dans la haute vallée du Tennessee en traversant les montagnes du Cumberland; puis, faisant un grand détour au sud, par Knoxville et Chattanooga, elle s’était dirigée au nord-ouest, vers la capitale de l’état, parallèlement à la ligne du chemin de fer. De son côté, le général Rosecrans, marchant au sud-est, s’était porté directement à la rencontre de l’ennemi. Le 26 décembre, les deux armées se trouvèrent en présence sur les bords de la rivière Stone, à une faible distance au nord de la ville de Murfreesborough, et des escarmouches, préliminaires d’une grande bataille, commencèrent aussitôt. Le 30, la division du général Mac-Cook, qui formait la droite de l’armée fédérale, fut chargée de tenir l’ennemi en respect au moins pendant trois heures, afin de donner à la division Crittenders le temps de faire un détour à l’est de la rivière Stone pour attaquer les confédérés en flanc et à revers. Malheureusement les soldats de Mac-Cook, distribués sur une ligne de bataille beaucoup trop étendue, ne purent résister au choc violent des troupes du sud; après avoir été plus que décimés par un furieux assaut de la division confédérée du général Cheatham, ils reculèrent en abandonnant presque toute leur artillerie sur le théâtre du combat. Déjà les sépara-